"A plus forte raison..."
"Nous qui sommes donc devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ,
lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.
Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ;
la persévérance produit la fidélité éprouvée ; la fidélité éprouvée produit l’espérance ;
et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions.
Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien.
Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.
À plus forte raison, maintenant que le sang du Christ nous a fait devenir des justes, serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu.
En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie.
Bien plus, nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, par qui, maintenant, nous avons reçu la réconciliation."
(Romains, 5, 1-11). Il n’y a pas besoin d’être croyant ni même d’accepter tous ces raisonnements de saint Paul pour comprendre à quel point le passage sur la détresse et l’espérance définit une mentalité. J’avais été frappé - Julien Rochedy aussi, qui avait judicieusement mouché à l’époque le cuistre - de la façon dont l’abominable Michel Onfray, après des décennies passées à nous bassiner et à essayer de nous flatter l’orgueil pubien avec son hédonisme de pacotille, avait non seulement décidé un jour que finalement nous étions en décadence, mais de surcroît que c’était irréversible, fatal, irréparable, etc., et qu’il n’y avait plus qu’à s’asseoir et attendre l’Apocalypse. La pensée du progrès a tellement infecté l’ADN des gens de gauche qu’ils l’apportent avec eux même quand ils veulent changer de bord : les choses se décident sans nous, point barre. (Où l’on voit qu’il ne s’agit pas d'être de droite après avoir été de gauche, de devenir militant chez X après l’avoir été chez Y, ou même de changer simplement d’avis, mais de s’ouvrir à une nouvelle façon de voir les choses - le terme de conversion pointe le bout de son nez, c’est fatal…)
- L’espérance en tant que vertu théologale, c’est l’état d’esprit contraire, j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer : c’est justement quand les choses semblent difficiles, très difficiles, voire impossibles (impossible qui n’est pas français, disait-on encore dans ma jeunesse, mais il y avait moins de Français de papier et seulement de papier à l’époque, le mot avait un sens, même si on s’engueulait sur ce sens et même si l'impossible dont rêvaient les uns et les autres pouvait être matière à discussions enflammées) qu’il est en réalité aisé de renoncer : c’est la solution de facilité - et c’est justement ce qu’il ne faut pas faire. - Les convertis sont encombrants, disait sans gentillesse excessive Bernanos ; c’est encore plus vrai des ex-gauchistes, s’ils restent gauchistes dans leur mentalité, et s’ils croient que ne plus être de gauche revient à devenir pessimiste après avoir été optimiste : ils sont encombrants comme un poids mort que l’on traîne derrière et soi et par lequel on est embarrassé, puisqu’ils apportent leur désespoir et leur noirceur mâtinée de nihilisme avec eux. D’idiots utiles du capitalisme ils deviennent des freins à l’action politique.
Tout cela est bien prosaïque par rapport aux envolées de saint Paul certes. Mais la métaphysique est concrète, nom de nom !
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