mardi 7 mai 2019

"Ce n’est pas de la vaine paille qui brûle."

Je me faisais la réflexion il y a deux jours que si nous employons des concepts d’origine musulmane sans nous en rendre compte ou sans nous rendre compte de leurs conséquences - l’exemple type est "les religions du livre" pour les trois principaux monothéismes, expression qui ne s’applique pas au christianisme ; on peut aussi évoquer certaines conceptions du dialogue entre religions, où l’on fait sienne la conception selon laquelle l’Islam englobe les religions venues avant lui -, 

je me disais qu’il est pourtant un terme et un concept que nous ne reprenons pas, et que c’est bien dommage : les musulmans, avec leur sens si incompréhensible aux modernes gauchistes de la longue durée, continuent à nous appeler les croisés. Peu de chose dans notre comportement hélas justifie l’utilisation de ce terme, mais, me disais-je, voilà bien une appellation que nous devrions nous réapproprier. 

Sur ce, je lis dans L’annonce faite à Marie une citation que je pense tout de suite à vous transmettre - le mari, Anne Vercors, veut partir, sa femme, "la mère", veut l’en dissuader : 

" - C’est-il que la France n’est pas assez bonne pour toi ?
 - Il y a trop de peine en France.
 - Mais nous sommes ici bien à l’aise et personne ne touche à Rheims. 
 - C’est cela. 
 - C’est cela quoi ?
 - C’est cela, nous sommes trop heureux. 
Et les autres pas assez.
 - Anne, ce n’est pas de notre faute.
 - Ce n’est pas de la leur non plus.
 - Je ne sais pas. Je sais que tu es là et que j’ai deux enfants.
 - Mais tu vois au moins que tout est dérangé de sa place, et chacun recherche éperdument où elle est. 
Et ces fumées qu’on voit partout au loin, ce n’est pas de la vaine paille qui brûle.
Et ces grandes bandes de pauvres qui nous arrivent de tous les côtés.
Il n’y a plus de Roi sur la France, selon qu’il a été prédit par le Prophète."

Le Prophète en question n’étant pas celui que nos journalistes, j’en reviens à mon idée introductive, acceptent sans sourciller d’appeler comme tel, mais Isaïe, que Claudel cite alors en note - en note de pièce de théâtre… (Is., III, 1-4.)

"Tu vois au moins que tout est dérangé de sa place, et chacun recherche éperdument où elle est. 
Et ces fumées qu’on voit partout au loin, ce n’est pas de la vaine paille qui brûle.
Et ces grandes bandes de pauvres qui nous arrivent de tous les côtés.
Il n’y a plus de Roi sur la France…", ceci était déjà assez frappant par rapport à ce que nous vivons actuellement, mais il se trouve en plus qu’Anne Vercors est en train d’annoncer à sa femme qu’il veut se croiser. 


Je serais tenté de conclure de tout cela : CQFD. - A suivre…