vendredi 25 novembre 2005

Mémoire en défense pour le circoncis du bulbe.

C'est entendu, M. Alain Finkielkraut n'a pas inventé l'eau tiède. C'est entendu, ses dernières déclarations - je conseille la version intégrale de l'interview donnée à Haaretz, complétée par l'analyse d'Acrimed - sont un tissu d'absurdités et d'amalgames douteux. Je trouve pourtant que dans leur ensemble les réactions que ces déclarations ont suscitées n'ont pas non plus été d'une grande finesse, voire qu'elle sont contre-productives. Je ne m'imaginais certes pas prendre un jour la défense du Juif le plus con de France (quoique, Alexandre Adler, tout de même...), et contre Acrimed qui plus est, mais voilà...


Tout d'abord, que les débiles nuisibles du MRAP portent l'affaire sur le terrain judiciaire, non seulement est un réflexe policier bien dans leur manière, mais apporte de l'eau au moulin du "persécuté" Finkielkraut. Certes je ne pleurerai pas s'il devait rembourser sur décision du tribunal une partie de l'argent public qu'il reçoit pour débiter des conneries à n'en plus finir chaque semaine que Dieu fait, mais est-ce que mettre ce médiocre pontifiant en face de sa propre vacuité cérébrale ne suffit pas ? La justice n'a-t-elle rien de mieux à faire que d'examiner à la loupe les divagations d'un intellectuel que tout le monde aura oublié dès qu'il sera trop gâteux pour animer son émission de merde, a fortiori quand la mort nous dispensera à tout jamais de devoir le supporter ? Et pour qui clame que tenir des propos comme ceux que son souci de la vérité l'a poussé à tenir à Haaretz lui fait risquer la prison, quelle meilleure confirmation qu'une plainte en justice déposée à son encontre ? Il est vrai que si les gens du MRAP étaient moins cons... ils ne seraient pas au MRAP.


Ensuite et surtout, "Fine-quelle-crotte" (J.-E. Hallier, pas très en forme ce jour-là) pose tout de même un problème que les donneurs de leçons d'Acrimed, tout empressés faire des amalgames avec le FN, ne semblent pas considérer comme important : et si, effectivement, beaucoup des émeutiers détestaient la France ? Voilà un point sur lequel il serait intéressant d'avoir des analyses chiffrées et nuancées, voilà une question que l'on ne peut prétendre balayer du revers de la main. Mouillons-nous un peu : s'il devait s'avérer que nombre des fauteurs de troubles détestaient notre pays, non seulement ils n'auraient pas nécessairement tort, mais cela devrait nous amener à voir comment il peut être plus aimable. Je ne parle évidemment pas seulement "d'améliorer l'ascenseur social" (blablabla), mais de retrouver une certaine âme collective (ce n'est pas demain la veille sans doute, je développe ceci un autre jour).

Je remarque d'ailleurs que les propos tenus par le judéo-crétin de service au sujet de l'école républicaine et de sa décadence n'ont pas été très relevés par les indignés, de service eux aussi : certes l'antienne n'est pas neuve, certes elle n'est pas bien passionnante, mais les problèmes de l'école - ou plutôt peut-être : de ses liens avec le pays - n'en sont pas moins réels pour autant. (Je propose quant à moi un élément de solution : rétablir l'enseignement obligatoire du latin.)

Mais revenons aux émeutiers. Puisque tout le monde a un avis sur eux, voilà en partie le mien : pourquoi la religion n'aurait-elle pas joué un rôle dans leurs actions ? Pourquoi serait-ce si choquant ? Si la religion c'est la société vue sous un autre angle (bienvenue Durkheim ! - saint patron de l'école laïque soit dit en passant), en tant qu'elle surplombe les individus et les unit, et si la France a bien du mal à les unir par ailleurs, n'est-il pas logique que des individus dont l'histoire culturelle a partie liée avec des religions communautaires se retrouvent pour des actions collectives - certes un rien violentes et destructrices, mais tout de même nécessairement synonymes d'espoir ? Cela dépasse de loin la question du rôle des imams, et cela peut éclairer la remarque de l'intellectuel le moins nuancé de France (quoique, tout de même, Claude Imbert...) sur la passivité de populations dont le "fonds religieux" est moins communautaire, en tout cas actuellement, comme les français d'origine vietnamienne ou portugaise. Tout cela n'excluant pas d'autres facteurs, "socio-économiques".

Bref : même s'il nous fait rire, il est parfois regrettable qu'Alain Finkielkraut soit si bête, car dans cette affaire il fait tout pour que les bonnes consciences perpétuelles passent à côté de problèmes pourtant importants. Et qui ne sont pas près d'être résolus. Je ne sais pas si les banlieues se révolteront de nouveau, mais si tel devait être le cas, elles risqueraient de le faire dans des proportions nettement plus dramatiques que quelques dégâts matériels.



PS, quelques heures après : le compte-rendu de l'interview donnée à Haaretz sur l'Observatoire du communautarisme n'est pas une mauvaise synthèse.

PS 2, 18 heures : il n'est pas inintéressant, et il est en tout cas fair play de lire la transcription par Les Ogres d'une justification du ramolli du cervelet.

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