Le sang n'a pas coulé, il ne s'est donc rien passé.
Tel fut, dit-on, le jugement du spécialiste de Hegel Alexandre Kojève, à propos de Mai 68. Quoi que l'on pense de ce critère, aussi bien en règle générale que dans le cas particulier auquel il fut pour la première fois appliqué, je crois profitable de l'utiliser pour cette affaire de caricatures.
Pour être plus précis, je ne souhaite la mort de personne, mais je commencerai à trouver que l'on pourra à bon droit parler de liberté d'expression quand les journalistes et dessinateurs qui prennent de telles initiatives courront de réels risques. Que certains d'entre eux soient explicitement menacés, et qu'à ce moment ils osent récidiver, fût-ce avec des dessins ratés : alors ils se battront vraiment pour une idée, pour une conquête, au lieu d'agiter des formules un peu vides dont pour l'heure rien ne prouve qu'ils y soient vraiment attachés.
De même, quand on voit un ministre de l'intérieur saoudien s'indigner, les perdants de récentes élections (le bras armé du Fatah) menacer, quelques courageux balancer une grenade sur un consulat à Djakarta, quand on apprend de surcroît qu'il n'est pas réellement interdit par la théologie musulmane de représenter le prophète, on trouve que le terme de blasphème est bien disproportionné - et son usage très intéressé. Là encore, on ne cherche pas à verser d'huile sur le feu, mais on prendra ces gens plus au sérieux lorsqu'ils iront au Danemark ou en France régler leurs comptes avec les blasphémateurs.
Il s'agit pour l'heure je crois d'une pathétique comédie : espérons qu'elle ne se transforme pas sous peu en dérisoire tragédie.
On pourra consulter ce qu'en dit Oumma, qui affirme par ailleurs que le licenciement du gars de France-Soir est directement dû à des motifs financiers et aux problèmes posés par la mainmise de grands groupes financiers sur la presse française. On trouvera aussi d'utiles éléments dans les analyses, commentaires et liens procurées par le Vieux Radical ; au sujet duquel je m'aperçois, au moment où je relis ce message, qu'il vient de récidiver.
Tant que nous y sommes dans les "faux sujets" : j'ai lu très récemment Circonstances 3 : Portées du mot "Juif", d'Alain Badiou, ouvrage qui a déclenché une petite polémique ici et là (il faut chercher dans les archives du Monde, s'ils ont fini leurs mises à jour).
Accuser Badiou d'antisémitisme me semble totalement erroné, mais les analyses qu'il regroupe dans ce livre, qui est pour une bonne part un recueil de textes déjà publiés, ne me semblent pas valoir la peine que j'y consacre une chronique particulière. Je ne suis même pas sûr que pour quelqu'un qui ne connaît pas son œuvre ce volume soit vraiment compréhensible. Ceci dit, il y a néanmoins quelques idées à prendre, et un beau texte pour finir, de Mme Cécile Winter, où l'on en apprend de belles sur la fondation d'Israël et sur la préparation par certains sionistes, dès 1942, de la commémoration d'une extermination qui n'en était encore, par rapport à ce qui allait suivre, qu'à ses balbutiements.
J'ajoute (le lendemain) que le chapitre sur le négationnisme est assez mauvais : il est toujours frappant de constater que ce sujet, non seulement attire les médiocres, mais stérilise les meilleures plumes. N'est-ce pas une preuve de plus qu'il n'y a pas grand-chose à en dire ou en penser ?
Pour être plus précis, je ne souhaite la mort de personne, mais je commencerai à trouver que l'on pourra à bon droit parler de liberté d'expression quand les journalistes et dessinateurs qui prennent de telles initiatives courront de réels risques. Que certains d'entre eux soient explicitement menacés, et qu'à ce moment ils osent récidiver, fût-ce avec des dessins ratés : alors ils se battront vraiment pour une idée, pour une conquête, au lieu d'agiter des formules un peu vides dont pour l'heure rien ne prouve qu'ils y soient vraiment attachés.
De même, quand on voit un ministre de l'intérieur saoudien s'indigner, les perdants de récentes élections (le bras armé du Fatah) menacer, quelques courageux balancer une grenade sur un consulat à Djakarta, quand on apprend de surcroît qu'il n'est pas réellement interdit par la théologie musulmane de représenter le prophète, on trouve que le terme de blasphème est bien disproportionné - et son usage très intéressé. Là encore, on ne cherche pas à verser d'huile sur le feu, mais on prendra ces gens plus au sérieux lorsqu'ils iront au Danemark ou en France régler leurs comptes avec les blasphémateurs.
Il s'agit pour l'heure je crois d'une pathétique comédie : espérons qu'elle ne se transforme pas sous peu en dérisoire tragédie.
On pourra consulter ce qu'en dit Oumma, qui affirme par ailleurs que le licenciement du gars de France-Soir est directement dû à des motifs financiers et aux problèmes posés par la mainmise de grands groupes financiers sur la presse française. On trouvera aussi d'utiles éléments dans les analyses, commentaires et liens procurées par le Vieux Radical ; au sujet duquel je m'aperçois, au moment où je relis ce message, qu'il vient de récidiver.
Tant que nous y sommes dans les "faux sujets" : j'ai lu très récemment Circonstances 3 : Portées du mot "Juif", d'Alain Badiou, ouvrage qui a déclenché une petite polémique ici et là (il faut chercher dans les archives du Monde, s'ils ont fini leurs mises à jour).
Accuser Badiou d'antisémitisme me semble totalement erroné, mais les analyses qu'il regroupe dans ce livre, qui est pour une bonne part un recueil de textes déjà publiés, ne me semblent pas valoir la peine que j'y consacre une chronique particulière. Je ne suis même pas sûr que pour quelqu'un qui ne connaît pas son œuvre ce volume soit vraiment compréhensible. Ceci dit, il y a néanmoins quelques idées à prendre, et un beau texte pour finir, de Mme Cécile Winter, où l'on en apprend de belles sur la fondation d'Israël et sur la préparation par certains sionistes, dès 1942, de la commémoration d'une extermination qui n'en était encore, par rapport à ce qui allait suivre, qu'à ses balbutiements.
J'ajoute (le lendemain) que le chapitre sur le négationnisme est assez mauvais : il est toujours frappant de constater que ce sujet, non seulement attire les médiocres, mais stérilise les meilleures plumes. N'est-ce pas une preuve de plus qu'il n'y a pas grand-chose à en dire ou en penser ?
Libellés : Badiou, Hegel, Kojève, Mai 68, Radical chic, Sionisme, Winter
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