Transitions.
"L'Histoire avait commencé avec la fin de l'absolu, de tous les absolus (avec le début de la mort de Dieu) ; et elle se met à disparaître lorsque l'absolu, sous une forme ou sous une autre, entreprend sa réapparition. La "ruse" de la post-Histoire, dans cette perspective, c'est que ce sont ceux qui disent que l'Histoire continue qui sont en même temps les apôtres de l'absolu (anti-historique ou post-historique), par exemple celui des droits de l'homme. Et ils ne s'en aperçoivent même pas. Ils ne voient pas que ce au nom de quoi ils défendent la cause de l'Histoire anéantit celle-ci. A lui seul, ce spectacle est source de comique. Il est aussi source de roman, d'examen romanesque. Le roman est inséparable, dans son histoire, de l'Histoire elle-même, dont l'apparition accompagne la chute des dieux et la désagrégation de l'absolu. Le roman, c'est le tombeau de l'absolu (et, corrélativement, le berceau de l'individualité). A partir du moment où l'absolu est de retour, on se trouve de nouveau, comme il y a des siècles, dans une période proprement anti-roman, hostile au roman et à la liberté que celui-ci met en jeu par rapport à l'absolu."
P. Muray, bien sûr. Ce texte sera discuté ultérieurement. Je le mets en ligne à la fois pour l'acuité de son diagnostic sur nos amis les BHL, et parce que j'aime bien cette idée d'un romancier catholique estimant que c'est au début de la mort de Dieu que les choses deviennent vraiment intéressantes. On en dirait autant du "Grand siècle" : la plupart des bons écrivains du règne de Louis XIV sont d'anciens frondeurs, ou ont été proches du milieu d'où est sortie la Fronde - si celle-ci avait vaincu, et si Louis XIV ne leur avait pas fait peur (Mme de Sévigné tremble quand elle évoque la personne royale), sans doute n'auraient-ils pas écrit leurs œuvres. Mais ce n'est pas Louis XIV et l'absolutisme triomphant qui ont fait leur éducation. Il faut le système et il faut l'excès, il faut que ça fonctionne et que ça ne fonctionne pas, il faut que ça fonctionne - au moins un peu - et il faut que ça déraille - au moins un peu. (Dernière phrase légèrement modifiée lors de la relecture et de l'archivage du 30.08.12, le texte original était incompréhensible.)
P. Muray, bien sûr. Ce texte sera discuté ultérieurement. Je le mets en ligne à la fois pour l'acuité de son diagnostic sur nos amis les BHL, et parce que j'aime bien cette idée d'un romancier catholique estimant que c'est au début de la mort de Dieu que les choses deviennent vraiment intéressantes. On en dirait autant du "Grand siècle" : la plupart des bons écrivains du règne de Louis XIV sont d'anciens frondeurs, ou ont été proches du milieu d'où est sortie la Fronde - si celle-ci avait vaincu, et si Louis XIV ne leur avait pas fait peur (Mme de Sévigné tremble quand elle évoque la personne royale), sans doute n'auraient-ils pas écrit leurs œuvres. Mais ce n'est pas Louis XIV et l'absolutisme triomphant qui ont fait leur éducation. Il faut le système et il faut l'excès, il faut que ça fonctionne et que ça ne fonctionne pas, il faut que ça fonctionne - au moins un peu - et il faut que ça déraille - au moins un peu. (Dernière phrase légèrement modifiée lors de la relecture et de l'archivage du 30.08.12, le texte original était incompréhensible.)
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