Le rouge, le noir, le vert.
(Complété le lendemain.)
"Est-ce ma faute à moi si les jeunes gens de la cour sont de si grands partisans du convenable, et pâlissent à la seule idée de la moindre aventure un peu singulière ? Un petit voyage en Grèce ou en Afrique est pour eux le comble de l'audace, et encore ne savent-ils marcher qu'en troupe. Dès qu'ils se voient seuls, ils ont peur, non de la lance du Bédouin, mais du ridicule, et cette peur les rend fous."
(Le Rouge et le Noir, II, XII.)
Si l'on ajoute que le ridicule en question est, cela est précisé par Stendhal quelques lignes plus loin, devenu lui-même bien inoffensif, nul besoin, et ce n'est d'ailleurs pas le cas du personnage qui exprime ces pensées - Mathilde de La Mole -, nul besoin d'aimer le Bédouin en question pour en conclure que cela nous ferait - que, qui sait, cela nous fait - du bien d'avoir peur de sa lance. Non que cela nous soude contre l'adversité, en confiant à nos gouvernants le soin de nous en débarrasser : ça, c'est parce que nous n'en avons pas assez peur (donc que nous ne pouvons pas encore être courageux). Mais parce que - retournons au conditionnel - cela pourrait permettre à chacun de mesurer de nouveau ses propres forces, d'estimer, de jauger sa propre valeur - et de cesser de ne "marcher qu'en troupe". Qui sait ?
C'est une situation paradoxale, cocasse même, qu'il faille envisager, voire souhaiter, pour qu'un jour le monde se porte un peu mieux, des conflits armés, lesquels à l'heure actuelle peuvent être apocalyptiques. Mais on ne les envisage, on ne les souhaite pas ici pour purger la planète de ses "méchants" (Arabes, impérialistes, etc.), mais pour que chacun des camps (lesquels, d'ailleurs ?) retrouve de la dignité, sans laquelle on ne peut rien construire.
Car les deux autres scenarii envisageables, qui d'ailleurs, autre paradoxe, ne sont pas exclusifs l'un de l'autre, sont la "guerre contre le terrorisme" indéfiniment prolongée, en un cycle violence-répression qui risque de ne pas faire envie aux populations concernées, et la victoire occidentale par la mollesse, le confort, la consommation, la veulerie, etc. ; c'est la formule de Muray : "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts." - et ce serait tragique.
Tout cela je l'accorde risque de paraître peu enthousiasmant.
"Est-ce ma faute à moi si les jeunes gens de la cour sont de si grands partisans du convenable, et pâlissent à la seule idée de la moindre aventure un peu singulière ? Un petit voyage en Grèce ou en Afrique est pour eux le comble de l'audace, et encore ne savent-ils marcher qu'en troupe. Dès qu'ils se voient seuls, ils ont peur, non de la lance du Bédouin, mais du ridicule, et cette peur les rend fous."
(Le Rouge et le Noir, II, XII.)
Si l'on ajoute que le ridicule en question est, cela est précisé par Stendhal quelques lignes plus loin, devenu lui-même bien inoffensif, nul besoin, et ce n'est d'ailleurs pas le cas du personnage qui exprime ces pensées - Mathilde de La Mole -, nul besoin d'aimer le Bédouin en question pour en conclure que cela nous ferait - que, qui sait, cela nous fait - du bien d'avoir peur de sa lance. Non que cela nous soude contre l'adversité, en confiant à nos gouvernants le soin de nous en débarrasser : ça, c'est parce que nous n'en avons pas assez peur (donc que nous ne pouvons pas encore être courageux). Mais parce que - retournons au conditionnel - cela pourrait permettre à chacun de mesurer de nouveau ses propres forces, d'estimer, de jauger sa propre valeur - et de cesser de ne "marcher qu'en troupe". Qui sait ?
C'est une situation paradoxale, cocasse même, qu'il faille envisager, voire souhaiter, pour qu'un jour le monde se porte un peu mieux, des conflits armés, lesquels à l'heure actuelle peuvent être apocalyptiques. Mais on ne les envisage, on ne les souhaite pas ici pour purger la planète de ses "méchants" (Arabes, impérialistes, etc.), mais pour que chacun des camps (lesquels, d'ailleurs ?) retrouve de la dignité, sans laquelle on ne peut rien construire.
Car les deux autres scenarii envisageables, qui d'ailleurs, autre paradoxe, ne sont pas exclusifs l'un de l'autre, sont la "guerre contre le terrorisme" indéfiniment prolongée, en un cycle violence-répression qui risque de ne pas faire envie aux populations concernées, et la victoire occidentale par la mollesse, le confort, la consommation, la veulerie, etc. ; c'est la formule de Muray : "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts." - et ce serait tragique.
Tout cela je l'accorde risque de paraître peu enthousiasmant.
<< Home