jeudi 7 septembre 2006

La rentrée des arrivistes. Psychologie sociale de l'enculage collectif.

(Légères modifications le lendemain.)


C'est à peine septembre, et déjà les auto-proclamés redresseurs de torts, les moralistes de tout-à-l'égoût, narcisses autoritaires et autres père-la-morale-pour-les-autres-le-pouvoir-pour-moi se bousculent comme des malpropres au portillon de l'arrivisme. C'est à qui parviendra à faire parler de lui, même un petit peu, même pour trois jours. On culpabilise les autres, on se sent vaguement exister dans leur regard. Ce n'est plus la foire aux vanités, c'est le degré zéro de la lutte pour la reconnaissance dans un monde faussement pacifié, c'est un théâtre sado-maso où tout le monde voudrait transformer son propre masochisme en sadisme à l'égard de son prochain.

41-Misty

(Ah, Bree Van de Kamp... Un jour peut-être j'écrirai sur cet étonnant personnage, ce type anthropologique de la femme occidentale, pauvre de nous. La maîtresse contemporaine...)


Je reproduis ce récent florilège trouvé dans les indispensables "Très brèves de l'observatoire du communautarisme" :

05.09.2006 Le Petit Robert à l'index
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) dénonce la définition du mot "colonisation" qui est donnée dans l'édition 2007 du Petit Robert. Cet organisme communautaire -soutenu dans cette initiative par le MRAP - s'insurge que la colonisation puisse être définie comme "mise en valeur, exploitation des pays devenus colonies" et réclame rien moins que le retrait du dictionnaire. Il y a pourtant la notion d'exploitation -qui renvoie aux résultats de la présence étrangère- ainsi que l'intention positive qu'aucun historien ne conteste... Objective, cette définition est montrée du doigt parce qu'elle n'est pas péjorative, qu'elle n'est pas conforme à la vision de certains militants communautaires. Le CRAN n'est donc pas dans la continuité de l'opposition à la loi sur le "rôle positif de la colonisation" qui dénonçait une lecture officielle non objective. Comme les auteurs de cette loi, le CRAN tombe dans la manipulation des faits historiques en réclamant le retrait du Petit Robert. Le temps des autodafés n'est peut-être pas très loin...

05.09.2006 Monnerville instrumentalisé
Alors qu'une place Gaston Monnerville est inaugurée près du Palais du Luxembourg où siégea l'ancien président du Sénat pendant plus de vingt ans, les communautaristes antillais essayent d'utiliser cet hommage pour faire entendre leurs revendications. Le Collectif des Antillais-Guyanais-Réunionnais y voit un "étrange oubli" et insinue que cette "reconnaissance tardive" est due à la couleur de la peau de Gaston Monnerville. Il ne faut pas exagérer : Gaston Monnerville est certes tombé dans l'oubli, mais comme bon nombre des hommes de la IVème République. Qui se souvient en effet du père Queuille, d'Alain Poher ou de René Pleven ? L'article du Monde qui relaie la mauvaise humeur du Collectif Dom désigne Gaston Monnerville comme un "président du Sénat venu des colonies"... De son temps, on parlait plutôt de sa fonction ou de son opposition à De Gaulle que de ses origines.

03.09.2006 La main dans le sac
Les Francogames, des olympiades homosexuelles, se sont tenues pendant 3 jours à Montpellier, avec le soutien de la Ville et de la région Languedoc-Roussillon. Seul bémol selon le site tetu.fr : les participants au concours de lancer de sac à main ont été pris pour des voleurs à la tire par la police !

31.08.2006 Une bourse de la Ville de Paris pour travailler sur l'antisémitisme
La Ville de Paris a lancé un appel à candidatures en vue d'attribuer deux bourses de recherche sur la xénophobie et l'antisémitisme. Il doit s'agir de travaux portant sur la période de la IIIème République. Selon la mairie de Paris : "La diffusion des résultats de ces recherches peut être la base d'une prise de conscience par les citoyens et la société, sur laquelle peut s'appuyer toute politique durable de lutte contre les discriminations, la xénophobie et l'antisémitisme". Déjà à l'origine d'un prix sur les études de genre, la Ville de Paris dotera chacune de ces bourses de 15.000 euros. Le communiqué de la Ville ne dit pas qui seront les membres du jury chargé d'attribuer ces bourses. Dommage.

28.08.2006 Premier procès pour hétérophobie
Selon le site de Têtu, une salariée du groupe américain Honeywell International a saisi un juge de l'Etat de Washington au motif d'une discrimination liée à son hétérosexualité. En effet, son entreprise a refusé d'accorder la protection sociale à son compagnon avec lequel elle n'est pas mariée alors que cet avantage s'applique aux couples mariés et aux partenaires homosexuels enregistrés de salariés de l'entreprise. Elle y voit un exemple caractérisée de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.

(J'ai supprimé les appels de liens donné par l'Observatoire.)

Evidemment, tout cela prête à rire et sans doute n'est-il guère besoin que je précise les sentiments que m'inspirent ces manifestations de l'air du temps. Mais on peut en profiter, en se concentrant sur les polémiques du Robert et de Gaston Monnerville, pour esquisser ou rappeler quelques traits de la psychologie de ceux et celles qui consacrent une partie de leur existence à des combats de ce type.

Concernant Monnerville (l'article du Monde auquel il est fait référence plus haut se trouve ici, j'en fais une copie que l'on peut me demander si le lien ne fonctionne plus dans les jours à venir), ces gens ne semblent jamais contents : on commémore la mémoire d'un des leurs (ou plutôt de quelqu'un dont il se sont accaparé l'héritage), et ils râlent encore. Un Antillais deviendrait président de la République qu'ils bougonneraient que "ce n'est pas trop tôt". Si l'on ne fait rien, on est un salaud. Si l'on fait quelque chose, c'est que l'on a été un salaud dans le passé. Ce genre de surenchères est un passage obligé du militantisme, dira-t-on. Il se peut. Mais c'est aussi et peut-être d'abord un phénomène psychologique per se, conviction que je souhaiterais voir partagée à la fin de cette lecture. Nul besoin en tout cas d'épiloguer sur cette volonté de culpabilisation des autres, ni sur l'absence totale de risques que cela comporte pour ces militants du chagrin et de la rancoeur collectifs. On pourrait d'ailleurs émettre l'hypothèse que le militant qui prend des risques réels a beaucoup moins le temps et surtout l'envie de se mettre au-dessus des autres. Un exemple, certes extrême et pour lequel le terme de militant est sans doute inadapté, mais néanmoins révélateur : ce sont rarement les résistants authentiques qui se permettent rétrospectivement des jugements sans appel et sans nuances sur l'attitude des Français pendant la deuxième guerre mondiale.

Ceci posé, tout est grotesque dans ce genre d'histoires. D'abord, les enjeux. A ceux qui ne sont pas parisiens il n'est peut-être pas inutile d'indiquer que ce genre de places "Gaston Monnerville", "Simone de Beauvoir" et autres ne sont souvent, étant donnés d'une part la manie commémorative de Bertrand Delanoë, à peine moins compulsive que le besoin de feu Jean-Paul II de canoniser à tout va (à ce propos...), d'autre part le nombre de mètres carrés encore disponibles dans Paris, que de pathétiques ronds-points ou des bouts de trottoir au milieu d'un petit carrefour, sur lesquels la plaque fraîchement installée est parfois à peine visible : plus petite que l'arbre planté à côté depuis des années, ou simplement n'attirant pas l'attention, puisqu'il n'y a pas ici de "place" à proprement parler. On se bat vraiment à enculer les mouches.

Et c'est là, ensuite, un autre aspect de cette mentalité de petits merdeux : une confiance si naïve, si stupide que l'on ose presque la croire cynique et hypocrite, dans le pouvoir d'Etat et dans sa geste symbolique. On peut de ce point de vue élargir la remarque (que je modifie légèrement) de M. Radical : "quel est l'intérêt de censurer le Robert, à moins de croire que ses représentations (...) sont douées de pouvoir ?"

Le plus intéressant - et là encore je suis M. Radical, me contentant de pousser un peu plus loin son propos -, c'est que cette infantilisation râleuse de soi-même - et, espère-t-on, des autres, là est le drame - se double de tendances qu'il n'est pas exagéré de qualifier de staliniennes : l'appel à la censure (retirer le Robert de la vente), les manipulations (le CRAN comme le MRAP n'hésitent pas à mutiler la définition du Robert), l'aplomb sans scrupule - du chutzpah digne de Trotski -, et derrière tout cela, comme le dit encore M. Radical, on devine sans peine la faculté à un jour retourner sa veste, tel un vulgaire Alexandre Adler. On se trompe ? Je prends les paris.

2308

(Patrick Lozès, président du CRAN et fils de sénateur. Encore une fois l'on vérifie qu'il faut se méfier des gens qui sourient à l'objectif. Je vous ai d'ailleurs déjà présenté il y a quelque temps le très désagréable porte-parole du CRAN, Louis-Georges "J'avale à tous les rateliers" Tin, Louis-Georges "Taon" Tin. Un coup de Robert, pour la route ? "Taon : Grosse mouche piqueuse, et suceuse, dont la femelle se nourrit du sang des animaux." Que fait le collectif des insectes ? )


Arrêtons de dire du mal pour le seul plaisir d'en dire (chacun ses pulsions sadiques...), et résumons : ces morpions (Robert : "pou du pubis") présentent un mélange aussi ridicule que dérangeant d'immaturité braillarde, de pulsions sadiques et de pratiques policières. Peut-être sont-ils la conséquence inévitable des crimes français passés, une conséquence soft, une démangeaison mal placée, qui certes vaut toujours mieux qu'une grave blessure. Et mon Dieu l'on ne demanderait qu'à ne pas s'en préoccuper, si ces parasites (Id. : "Personne qui vit dans l'oisiveté, aux dépens de la société.") ne tenaient systématiquement à faire savoir, par le seul moyen à leur portée, la nuisance, qu'ils existent. Et puisque la rhétorique insectifuge que je viens d'utiliser pourrait nous entraîner vers des rivages insecticides quelque peu extrêmes, et puisque que ces cloportes ("Individu répugnant, servile") sont émoustillés, en bons masochistes, par tout ce qui relève de l'autorité étatique et de sa trique, contentons-nous de souhaiter pour conclure qu'ils soient un jour inculpés d'exhibitionnisme onaniste sur la voie publique. Tout ce que l'on peut faire en attendant est de les écarter d'un revers de main de temps à autre, lorsqu'ils deviennent trop gênants, avant de retourner derechef à des sujets plus dignes d'attention.


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Cortigiani, vil razza damnata !

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