jeudi 27 mars 2008

Codicille (mélancolique ?) au précédent.

panser1


Accompagnant mon café du matin d'un peu de Pléiade Valéry, comme ça, pour voir quel goût ça a, je tombe très rapidement sur quelques Mauvaises pensées liées à ce que j'ai écrit hier :

"Tous nos ennemis sont mortels." - cette rassurante évidence vient après ceci :

"Quel excellent exercice d'assouplissement que le pardon des injures ! Quel bénéfice, - et d'ailleurs, quelle injure plus atroce ! Il s'agit, bien entendu, d'un pardon aussi « sincère » que possible. « Je te pardonne », c'est-à-dire : je te comprends, je te circonscris, je t'ai digéré... Tu n'as pas le pouvoir de m'empêcher de te considérer selon la justice, et même avec bienveillance..." (t. 2, p. 834)

Il est évidemment possible de rétorquer que voilà une méthode de faible. Quoi qu'il en soit, je suis aussi tombé sur cela :

"Injures, quolibets, etc., sont marques d'impuissance, et même des lâchetés, étant des succédanés pour des meurtres - des appels à autrui pour une destruction ou dépréciation. - C'est s'en remettre aux autres, car s'il n'y avait point de tiers, point d'injures..." (p. 832)

Une petite nuance sur ce dernier point : lisant un paragraphe de Taguieff, je n'ai pas besoin de témoins pour recourir aux injures misogynes, homophobes ou anti-goy qui viennent spontanément à l'esprit devant tant d'enculisme. Mais j'admets sans peine la part de vérité de ce constat d'ensemble.

Pour compléter le tableau, rappelons - de mémoire - la phrase de Nietzsche selon laquelle le meilleur moyen de toujours penser à un ennemi est de l'avoir tué.


Heureusement, dans ses Cahiers, le même Valéry nous redonne une raison - étrangement progressiste de sa part - de fulminer :

"Pour moi, on ne tue que pour et par création. Et d’ailleurs, l’instinct destructif n’est légitime que comme indication de quelque naissance ou construction qui veut sa place et son heure."

Le CRABE !



2957334180052741287wUGPXp_fs

Libellés : , , , , ,