dimanche 12 mars 2017

Catherine Colliot-Thélène explique et cite Max Weber.

"Mission culturelle et puissance de l'État-nation se trouvent ainsi étroitement liées, en ce qui concerne les grandes puissances du moins : non pas parce que la culture serait l'apanage des grandes puissances, mais parce que la figure future de la civilisation mondiale dépend de l'évolution des rapports entre les grandes puissances. La qualité de “Maachtstaat” (État-puissance) implique certaines responsabilités devant l'histoire. Les petites nations (Weber cite fréquemment la Suisse) ont leurs avantages : elles autorisent la démocratie, ou bien des formes d'aristocratie fondées sur la confiance et les relations personnelles. Mais elles ne peuvent infléchir les destins de la culture. Les grands États, c'est-à-dire les États de masse, n'ont pas les mêmes libertés que les petites nations en ce qui concerne leur organisation interne. (...) Leur force est moins un privilège qu'un fatum. Car : « Ce n'est pas aux Suisses, ce n'est pas aux Danois, aux Hollandais ou aux Norvégiens que la postérité demandera compte de la figure qui sera celle de la civilisation de la terre. Ce n'est pas eux qu'elle blâmera, s'il n'y avait plus rien sur la partie occidentale de notre planète que les conventions anglo-saxonnes et la bureaucratie russe. Et la postérité aura raison. Car ni les Suisses, ni les Hollandais, ni les Danois ne pouvaient y faire obstacle. Un peuple de soixante-dix millions d'individus, situé entre de telles puissances capables de conquérir le monde, avait le devoir d'être un État de puissance. »"

Mais comme la France et désormais l'Allemagne merkellienne semblent considérer que leurs devoirs de Maachstaat consiste à dissoudre ce fatum dans l'impuissance et l'inaction... (C'est le nouveau fardeau de l'homme blanc européen, finalement.) - Qu'en dira la postérité ?