jeudi 14 septembre 2017

Les journalistes vus par Karl Kraus.

Ils "écrivent parce qu'ils n'ont rien à dire, et ils ont quelque chose à dire parce qu'ils écrivent."

Je retombe sur cette amabilité d'un grand journaliste à l'égard des moutons qui formaient et forment toujours l'écrasante majorité ("multitude accablante", comme chantait Brassens) de ses collègues. Je retrouve au même endroit deux citations de Jacques Bouveresse au sujet de Wittgenstein : 

"Wittgenstein s'est appliqué, pourrait-on dire, avec une sorte de génie de la destruction, à combattre toute espèce d'enthousiasme théorique et spéculatif : pour lui, l'entendement humain est en quelque sorte perpétuellement malade de ses propres succès, il ne connaît le plus souvent que pour méconnaître, il ne produit guère de lumières qui ne finissent par le rendre quelque peu aveugle ni de solutions qui ne constituent en même temps des problèmes." (On se permettrait de suggérer au rationaliste Bouveresse, avec tout le respect qui lui est dû à de nombreux égards, que son philosophe préféré n'était donc pas hermétique à la thématique du péché originel.)

"Ce que tous les ouvrages qui prétendent traiter de l'éthique ont en commun, pour des raisons intrinsèques, c'est le fait d'être condamnés à une sorte de mutisme prolixe ou de prolixité muette : ils en sont réduits, d'une certaine manière, à conjurer l'absence de l'objet par la prolifération indéfinie du discours  ; mais à aucun moment ils ne parviennent à donner l'assurance qu'une question véritable a été posée et que quelque chose a été réellement dit. C'est du moins ainsi que Wittgenstein tendait à les considérer."

- Et c'est ainsi que Luc Ferry ou André Comte-Sponville ont pu écrire - et vendre - de nombreux livres.