mercredi 27 septembre 2017

Sartre : "Abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre."

Et François Bousquet d’enchaîner, dans sa brillante recension (dernier numéro d’Éléments) d’un livre que je n’ai pas ouvert, l’Histoire mondiale de la France de Patrick Boucheron (dont la thèse semble être : non seulement la France n’a jamais existé mais elle a toujours été nulle ; de même que dans la théorie du genre il n’y a pas de sexe mais les hommes hétérosexuels sont des merdes) : 

"Du moins la haine de soi était-elle chez Sartre sous amphétamines, électrisant le lecteur. Chez Boucheron, elle est sous sédatif, l’assommant, tant elle est sinistrement moralisatrice, comme un prêche postconciliaire ou un laïus cornichon sur les droits de l’homme. Personne n’y croit. Surtout pas lui. Toute bonne carrière universitaire se fait désormais sur la haine de soi, passeport de la réussite. (…)

Derrière ces expiations théâtrales et doloristes, se cache toujours la figure de Tartuffe. C’est ce que Daniel Sibony a appelé la « culpabilité narcissique » et qui n’est jamais que l’ultime avatar du complexe de supériorité occidental. Cette culpabilité d’un genre nouveau, « signe d’une exigence éthique supérieure », tient lieu d’ « éthique officielle ». Elle repose sur un procédé psychologique fréquent : endosser ou feindre d’endosser sur soi une faute pour en décharger l’Autre. Ce qui vous place au centre du jeu et fait de vous une personne responsable au-dessus de la mêlée. Accessoirement, ajoute Sibony, « c’est la carte la plus rentable ». Car cette haine de soi, cette francophobie échevelée est trop controuvée, trop insincère, trop célestement vertueuse, pour ne pas être à son tour interrogée. N’obéirait-elle pas à de tortueuses stratégies académiques ? Dans tous les cas, elle répond à la demande de conformisme universitaire, univers de cooptation du même par le même. Ainsi de Boucheron, type même de l’intellectuel organique, au sens gramscien du mot, organiquement lié au groupe institutionnellement dominant. C’est lui qui trône au Collège de France, ce sont les siens qui verrouillent l’appareil universitaire, qui contrôlent l’EHESS, l’École des hautes études en sciences sociales, et trustent les postes au CNRS. Partout ailleurs, on parlerait d’abus de position dominante, pas ici, alors que cet abus est double, en tant que tel et en tant qu’il est nié. Du haut de sa chaire, Boucheron se croit autorisé à parler au nom des dominés. C’est le tour de passe-passe des bourdieusiens qui jouent commodément aux résistants, en première ligne face au péril de l’« étrécissement identitaire ». Ils n’ont jamais à questionner leur domination. Elle est prééminente, mais occultée."

Après tout il est normal que dans un pays occupé les arrivistes pratiquent la haine de soi, que les collabos engueulent le bas peuple. 


Pour nous/vous changer les idées, je vous signale un excellent texte de Pierre-Michel Bonnot, admirable chroniqueur rugby à l’Équipe, sur l’évolution si regrettable de ce qui fut le plus beau et le plus poétique des sports collectifs. Le début de l’article est ici : https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Le-contre-pied-de-bonnot-rendez-l-argent/837628, peut-être trouvera-t-on la suite reproduite par d’autres dans les jours à venir, j’ai quant à moi assez travaillé…