samedi 6 janvier 2018

"Ces aspects, qui ne sont bien sûr pas représentatifs de tout le quartier..."

Ce que décrit cet article (le lien : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/crachats-insultes-livres-brules-la-bibliotheque-vaclav-havel-a-paris-prise-pour-cible/86609) est « bien sûr » consternant ; j’avoue hésiter plus par rapport à la façon dont les bibliothécaires et l’auteur de l’article s’expriment. Je comprends bien qu’ils ne peuvent pas être trop directs, mais certaines formules, certaines litotes, certains tours de passe-passe logiques (la question de l’utilisation des toilettes : ce n’est pas parce qu’elles sont parfois très utilisées qu’elles sont dégueulasses, mais parce que les gens qui les utilisent le sont ; la réponse à ce problème : « l’intervention plus régulière d’un agent d’entretien », on n’a pas passé le concours de bibliothécaire pour laver des chiottes…) sont presque aussi consternants que la situation décrite. J’insiste sur le presque, il ne s’agit pas d’inverser les rôles. Mais bon, un peu de recul et de sensibilité littéraire ne font qu’accentuer le côté surréaliste de ce texte : 


"Ouverte en 2013 dans le 18e arrondissement de Paris, esplanade Nathalie Sarraute, la bibliothèque Václav Havel présentait des portes closes ce jeudi 4 janvier, contrairement à d'habitude. Une nouvelle agression de la part d'un groupe de jeunes garçons et d'adolescents, la veille, a conduit l'équipe à ne pas ouvrir les portes de l'établissement, qui subit depuis un an environ des agressions à répétition.

« Cette série d’événements commence à entamer l’énergie que nous déployons pour l’accueil de ces publics. Nous nous sentons démunis face à une telle tension » : la lettre ouverte envoyée par l'équipe de la bibliothèque Václav Havel à l'administration parisienne laisse entrevoir la détresse des personnels. « Depuis 1 an, nous ne pouvons que constater une dégradation de nos conditions de travail avec une augmentation des actes de délinquance : vols en salle de jeux vidéo, collègue giflée, crachats, insultes, jet de fumigènes, livres brûlés au sein de la bibliothèque, extincteurs dégoupillés », racontent-ils.

Le 18e arrondissement de Paris a une réputation de quartier difficile de la capitale : le deuxième arrondissement le plus peuplé de la ville concentre des populations pauvres, précaires, comme des enfants mineurs, seuls dans les rues, mais encore des vendeurs à la sauvette, des dealers et des prostituées, la nuit tombée. Malgré ces aspects, qui ne sont bien sûr pas représentatifs de tout le quartier, l'équipe de la bibliothèque « accueille avec enthousiasme un public varié dans un quartier à la situation sociale et économique défavorisée » depuis son ouverture.

Seulement, les conditions de travail se sont nettement dégradées depuis un an environ, comme pour d'autres établissements du quartier : « [L]es commerces de l’esplanade subissent un nombre croissant d’agressions ce qui a donné lieu à une réunion au commissariat du 18e arrondissement à laquelle nous avons été associés il y a 15 jours », soulignent les bibliothécaires.

« Nous observons également depuis un certain temps une très forte affluence du public certains jours dans un espace restreint », ajoutent-ils, ce qui « entraîne une utilisation importante de nos sanitaires que nous devons régulièrement fermer en raison d’un manque d’hygiène ».

Confinés dans la bibliothèque

Ce mercredi 3 janvier, « un groupe d’une quinzaine de garçons âgés de 11 à 15 ans a refusé de quitter la bibliothèque », appuyant leur refus d'insultes et de menaces à l'encontre du personnel et du vigile. « Nous avons été dans l’impossibilité d’établir un dialogue avec ces jeunes adolescents. Nous avons fini par nous confiner à l’intérieur de la bibliothèque, rideau de fer baissé », indique le personnel de la bibliothèque.

Face à cette situation, l'équipe de la bibliothèque demande à la ville de Paris la création d'un poste de médiateur/éducateur, mais aussi l'intervention plus régulière d'agent d'entretien, ainsi que l'octroi d'une prime : « [S]i la bibliothèque n’est pas reconnue comme étant située au sein d’une Zone Urbaine Sensible selon le découpage administratif (qui nous en exclut à une rue près), les faits énumérés ci-dessus montrent que nous pouvons légitimement y prétendre », explique l'équipe de la bibliothèque.


Comme nous le précise un proche du dossier, la bibliothèque ne dispose, entre ses murs, que d'un seul vigile pour quatre étages d'accueil du public, ce qui rend les interventions difficiles. Le Bureau des Bibliothèques et de la Lecture de la Ville de Paris, que nous avons cherché à joindre, aurait été informé de la situation il y a plusieurs mois, mais sans prendre de mesures pour le moment."


« Aurait », « pour le moment »... Bon courage à tous !