vendredi 5 janvier 2018

Hommage du CSA à Molière...

"Principaux constats établis dans le cadre de l’étude :

  • - une amélioration de la représentation des personnes vues comme « non-blanches » à la télévision ; 
  • - des personnes perçues comme « non-blanches » plus représentées dans les fictions que dans les autres programmes (information, magazines et documentaires) ; 
  • - une faible proportion de personnages perçus comme « non-blancs » dans des rôles de héros ; 
  • - une surreprésentation des personnes vues comme « non-blanches » dans des rôles à connotation négative ; 
  • - une surreprésentation des catégories socio-professionnelles supérieures ; 
  • - les personnes en situation de précarité inexistantes à la télévision ; 
  • - une part de personnes perçues comme « non-blanches » plus importante dans les activités marginales, illégales ou en situation de précarité ;  
  • - une sous-représentation persistante des plus jeunes et des plus âgés ; 
  • - un niveau toujours très faible de la représentation du handicap à l’antenne."

Cette jolie prose française est issue du document récent du CSA (http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-observatoires/L-observatoire-de-la-diversite/Les-resultats-de-la-vague-2017-du-barometre-de-la-diversite) qui fait causer ici et là. Je la reproduis en guise d’illustration bouffonne du principe de l’absence de complément d’agent, que Jean Madiran avait emprunté à… je ne sais plus qui. Je vous ai cité ça il y a quelques mois, je rappelle l’idée : toujours se méfier des formes passives où ne figure pas le complément d’agent. Comme aurait dit Bashung (c’est moi qui le cite, pas J. Madiran), « ça cache quekchose » ; en l’occurrence c’est une absence qui cache un mystère, voulu ou non. On a vu des tournures de ce genre dans la récente polémique autour du maquillage d’Antoine Griezmann, où l’on ne savait pas trop qui avait été vraiment choqué, mais où les journalistes concluaient de façon péremptoire que cela avait été « mal perçu », que « le mal était fait ».

Dans le cas présent, il n’y a pas de mystère, juste l’absurdité de cet état d’esprit, d’autant plus frappante ici que les « jeunes », les « plus âgés », les « catégories socio-professionnelles supérieures » n’ont pas droit à la forme passive « perçus comme » : dans un monde normal (mais justement, nous ne sommes pas dans un monde normal…), cela voudrait dire qu’il est plus facile de repérer un riche ou un pauvre, un jeune ou un moins jeune, un âgé ou un moins âgé, qu’un noir ou un arabe (termes absents de ce texte, cachez cette couleur de peau que je ne saurais voir… mais que je suis payé pour regarder dans les programmes de télévision, aux frais du contribuable !). - C’est sans doute pour ça qu’une chaîne de télévision dite « publique » a fait récemment le portrait d’un migrant « mineur perçu comme non blanc », qui était un noir de sensiblement plus vingt ans… si l'adverbe sensiblement a encore un sens dans le monde merveilleux de l'idéologie. 

Tout ça pour ne pas parler de race en ne pensant qu’à ça, en nous ramenant sans cesse à ça.