Tu ne tueras point...
Je n’avais pas du tout prévu - au contraire, dirais-je même - d’évoquer feu Arnaud Beltrame, je tombe sur ces lignes de Jean Madiran, disons qu’elles seront ma modeste contribution au choeur en cours. J. Madiran évoque un évêque, qu’il a manifestement dans le nez, et qui se vante, en 1969, d’avoir tué quatre Allemands pendant « la guerre » - ceci sans plus de précisions, et alors qu’il était déjà dans les ordres. Commentaire de J. M. :
"On complètera le propos de Mgr Boillon en supposant avec bienveillance, et je l’espère avec vraisemblance, que les quatre Allemands tués par Mgr l’évêque étaient des soldats, et qu’ils ont été tués en combat. Cela va sans dire dans le cas d’un tel évêque ? Mais cela ne va pas sans dire quand justement on est occupé à enseigner la morale, et il est dommage que [l’intéressé] omette de le préciser, invoquant seulement « la guerre » en général, comme s’il allait de soi qu’en temps de guerre le Ve commandement du Décalogue se trouve universellement suspendu. Or il ne l’est point. Il garde au contraire toute sa force, ou devrait la garder. Qu’il y ait la guerre n’autorise pas à tuer purement et simplement, ni n’importe qui ou n’importe quand. L’état de guerre n’autorise pas à tuer les non-combattants, ni même les combattants quand ils sont, précisément, hors de combat : désarmés, blessés ou prisonniers. D’ailleurs la guerre, pour les chrétiens, et même pour beaucoup d’autres, ne consiste pas principalement à tuer, mais plutôt à être tué. Nous ne savons pas combien Péguy a tué d’Allemands en 1914, ni même s’il en a tué un seul : nous savons comment il a été tué. Le métier militaire est celui où on fait d’avance le sacrifice de sa vie, et non pas celui où l’on collectionne les cadavres recensés de ses ennemis trucidés. La grandeur et l’honneur de ce métier viennent de ce qu’essentiellement on peut y recevoir en service commandé la mort à tout instant, et non de ce qu’accidentellement on peut être en situation de la donner. Ni le métier militaire ni la guerre ne sont soustraits au Ve Commandement."
Précisons, pour un point de détail, que l’adverbe accidentellement a ici une connotation aristotélicienne ; pour une généralité, que ces belles considérations ne sont ni défaitistes ni lâches, encore moins masochistes. Et encore moins masochistes pour les autres - sur le thème "Vous n’aurez pas ma haine", ou "Les djihadistes peuvent revenir en France"... : Popu paiera encore les pots cassés de la lâcheté et la pusillanimité de nos hommes politiques, qui lui font tendre l’autre joue (je reste poli par déférence envers le texte biblique…) quand il s’est déjà pris une grosse baffe. Mais eux, pleins de bonnes paroles sans le moindre amalgame, continuent à manier la trique à notre égard et à nous maintenir à genoux. - Bref, ce sont de vrais enculés, si vous me lisez vous le savez comme moi, et à demain.
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