Une pincée de Nietzsche.
Trois extraits de Par-delà le bien et le mal, retrouvés dans mes vieilles notes :
"L'homme grégaire européen se plaît à se considérer aujourd'hui comme le seul type humain légitime et à glorifier les qualités qui font de lui un être docile, supportable et utile au troupeau comme les vertus humaines par excellence : esprit communautaire, bienveillance, déférence, diligence, sens de la mesure, modestie, indulgence, compassion. Dans tous les cas où l'on ne croit pas pouvoir se dispenser de têtes de file et de chefs, on s'ingénie aujourd'hui à substituer aux dirigeants un ensemble d'individus avisés du type grégaire : telle est, par exemple, l'origine de tous les régimes représentatifs."
"Nous avons constaté que l'Europe et les pays où l'influence européenne domine s'étaient mis d'accord, pour l'essentiel, sur les jugements moraux : visiblement, on sait en Europe aujourd'hui ce que Socrate ne croyait pas savoir, ce que le célèbre vieux serpent avait promis d'enseigner jadis - on « sait » aujourd'hui ce qu'est le bien et le mal."
Les idéologues de la révolution, comme les démocrates, "introduisent à leur insu dans les consciences ces germes de tristesse et de débilité qui font planer sur l'Europe la menace d'un nouveau bouddhisme ; comme eux ils souscrivent à la morale de la pitié collective, comme si c'était la morale en soi, le pinacle, la cime enfin atteinte de l'humanité, l'espérance chérie de l'avenir, la consolation du présent, la grande rémission des fautes passées ; comme eux ils croient encore à la collectivité rédemptrice, autrement dit au troupeau, en « soi »…"
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