Du jeune Bloy en prophète vétéro-testamentaire…
Léon Bloy lui-même, ce samedi. Chroniqueur au Chat noir, il s’y querelle avec le directeur Émile Goudeau, qui lui reproche la violence de ses attaques ad hominem. Deux brefs passages de la réponse de Bloy :
"Émile Goudeau a l’air de dire qu’il faudrait, en maltraitant les choses, économiser un peu les personnes. Je déclare ne rien comprendre à cette distinction. Les oeuvres et les hommes sont immédiatement solidaires, sous peine de néant, et quand l’oeuvre mérite la trique, c’est sur les omoplates de l’homme que la trique doit tomber et, infatigablement, ressauter. (…) L’essentiel, c’est de faire souffrir et, de tous les instruments de torture morale, la plume d’un bon journaliste est encore ce qu’il y a de mieux."
La conclusion amère et plus générale du texte :
"En l’absence de tout tribunal pour les crimes de la pensée, c’est de l’indignation publique ou privée que relèvent les coupables, et c’est elle-même qui doit exécuter ses propres sentences.
D’ailleurs, je suis une manière de désespéré, ne croyant guère au relèvement de ce que je vois si profondément déchu et cet article n’est rien de plus que l’inutile protestation d’un solitaire contre toute une littérature à laquelle je voudrais qu’on appliquât le grand principe de politique transcendantale que je me donne la permission de formuler ainsi qu’il suit :
Aux peuples forts, il faut des législations fortes comme eux, à la fois miséricordieuses et inexorables ; aux peuples corrompus, il en faut d’EXTERMINATRICES."
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