Eh oui Léon, on a les mêmes à la maison.
Un peu de Bloy sur les francs-maçons, suite à une encyclique de Léon XIII rappelant certains fondamentaux :
"Il est… parfaitement établi qu’on ne peut être, en même temps, franc-maçon et catholique. Il paraît que c’est une chose terriblement difficile à comprendre, puisque non seulement les imbéciles qui forment l’immense majorité de toute nation, mais encore bon nombre de gens d’esprit, ne sont pas encore parvenus à s’en pénétrer.
Aujourd’hui, l’infortuné successeur de Pie IX renouvelle l’objurgation. Encore une fois qui l’écoutera et qui voudra le croire ? L’infaillibilité doctrinale du Saint Père est une simple facétie pour les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de l’humanité civilisée, et c’est même une question pour beaucoup de catholiques ruineux (…), qui n’ont pas assez de virilité pour opter entre une franche apostasie et la parfaite adhésion du coeur.
Quelle sorte d’accueil voulez-vous que fasse une société aussi foncièrement médiocre à des propositions de cet absolu et de cette rigueur ? - « Dieu est l’auteur de la souveraineté et de la société civile ; - ceux qui sont revêtus de la souveraineté doivent être regardés comme les coopérateurs ou les ministres de Dieu ; - il est absolument faux que les peuples aient le droit de secouer l’obéissance selon leur bon plaisir. »
A coup sûr, un haussement d’épaules national sera tout l’effet de cette clameur paternelle sur notre république de gâteux superbes et l’antique honneur de la France, nullement réconforté, continuera de gir et d’agoniser par terre, assassiné par des banquiers et des Vénérables.
La franc-maçonnerie visée par l’Encylique et la vieille hérésie janséniste ont ceci de commun qu’elles ne se démasquent dans aucun cas et n’ont jamais consenti à triompher par l’ostentation de leur puissance. Au contraire, l’une et l’autre ont toujours aimé le secret et l’argot du mystère.
Le victorieux procédé du jansénisme consistait à se nier lui-même, à protester sans cesse de sa parfaite soumission à l’autorité ecclésiastique et à toujours considérer comme s’adressant à d’autres les blâmes ou les condamnations dont l’accablait directement cette autorité bafouée.
Les francs-maçons à leur tour, protestent invariablement de leur inaltérable simplicité. Ils ne sont rien de plus qu’une inoffensive pincée d’honnêtes gens associés dans un but de philanthropie, aimant à rire et sans aucune intention d’agir directement ou indirectement sur quoi que ce soit. Ainsi parlait, il y a quelques jours, le journal Le Temps, organe accrédité de toutes les sottises mitoyennes, après la lecture du résumé de l’Encyclique. « Dans la pensée de Léon XIII, disait-il, tout le mal vient de la franc-maçonnerie… Il y a là une notion évidemment exagérée de l’action de la franc-maçonnerie à notre époque et il nous semble que Léon XIII, malgré son habituelle lucidité d’esprit, confond les temps et les situations… Elle est simplement un moyen de rapprochement pacifique entre un certain nombre d’hommes. Elle est comme un vaste cercle où les causeries, les allocutions, les cérémonies traditionnelles, remplacent les cartes et le billard. Elle est surtout une institution de bienfaisance, contre laquelle il n’y a vraiment pas raison, aujourd’hui, de se mettre en campagne. Si le Pape veut trouver les causes des maux dont il se plaint, c’est ailleurs qu’il doit les chercher. »
C’est le constant sophisme de ces Tartufes de sérénité. Les plus atroces démentis historiques ont beau les souffleter, ils ne perdent pas contenance et ne se mettent jamais en frais de nouveaux mensonges. Ils supposent toujours une humanité bonasse et modeste, satisfaite de progresser avec lenteur et dédaigneuse des souterraines intrigues dont on l’accuse. Les révolutions, suivant eux, sont les fruits naturels du terroir social ensemencé par le vent des philosophies et mûries au soleil de la raison…"
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