"La vie est une cérémonie."
C’est cool, la vie, on ouvre du Péguy et on tombe sur du Voyer :
"Il n’y aura pas de raisin. Ils vous invitent [pourtant] à venir faire la vendange. Ils parlent très sérieusement. C’est là que l’on voit ce que c’est qu’un rite, chers sociologues. Il vous invitent rituellement, c’est une cérémonie, comme ils vous ont invité tant de fois toutes les autres années précédentes, exactement ainsi, comme ils vous inviteront encore d’innombrables années ultérieures. C’est là que l’on voit que ce n’est pas la vendange qui est faite pour les raisins, mais que ce sont les raisins qui sont faits pour la vendange. Que ce n’est pas la vendange qui est faite, comme on pourrait le croire, quelque grossier, quelque terre à terre, pour couper les raisins, mais que c’est au contraire la vendange qui est une institution, une cérémonie, rituelle, annuelle, un anniversaire, pour emplir laquelle les raisins sont faits. En un mot, c’est la vendange qui est la fin, et ce sont les raisins qui sont les moyens. Kant, Kant, immortel Immanuel, tu tâcheras d’arranger ça avec les principes de la Raison pure pratique. Texte de l’édition de 1788, sous révision de la deuxième édition 1792 et de la quatrième édition 1797, 1788, 1792, 1797, quelles grandes dates.
Il faut d’abord vendanger. On verra ensuite s’il y a quelque chose à vendanger."
Victor-Marie, comte Hugo (1910).
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