"La femme en un mot…"
Et Baudelaire, maintenant !
"Cet être en qui Joseph de Maistre voyait un bel animal dont les grâces étayaient et rendaient plus facile le jeu sérieux de la politique, pour qui et par qui se font et se défont les fortunes, pour qui et surtout par qui les artistes et les poètes composent leurs plus délicats bijoux, de qui dérivent les plaisirs les plus énervants et les douleurs les plus fécondantes, la femme en un mot n’est pas seulement pour l’artiste en général et pour Constantin Guys en particulier, la femelle de l’homme. C’est plutôt une divinité, un astre, qui préside à toutes les conceptions du cerveau mâle, c’est un miroitement de toutes les grâces de la nature condensées dans un seul être, c’est l’objet de l’admiration et de la curiosité la plus vive que le tableau de la vie puisse offrir au contemplateur. (…) Tout ce qui orne la femme, tout ce qui sert à illustrer sa beauté, fait partie d’elle-même ; et les artistes qui se sont particulièrement appliqués à l’étude de cet être énigmatique, raffolent autant de tout le mundus muliebris que de la femme elle-même. La femme est sans doute une lumière, un regard, une invitation au bonheur, une parole quelquefois, mais elle est surtout une harmonie générale, non seulement dans son allure et le mouvement de ses membres, mais aussi dans les mousselines, les gazes, les vastes et chatoyantes nuées d’étoffe dont elle s’enveloppe, et qui sont comme les attributs et le piédestal de sa divinité ; dans le métal et dans le minéral qui serpentent autour de ses bras et de son cou, qui ajoutent leurs étincelles au feu de ses regards ou qui jasent doucement à ses oreilles. Quel poète oserait, dans la peinture du plaisir causé par l’apparition d’une beauté, séparer la femme de son costume ?"
Constantin Guys, peintre de la vie moderne. - N’ayant ni écrit ni vraiment choisi moi-même de citer ce texte (la coupure n’est pas de moi), j’ai d’autant moins de scrupules à dire à quel point je le trouve admirable. A demain pour la première synthèse !
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