samedi 15 décembre 2018

"Une exagération de la femme..."



Continuons, continuons… Il n’y a que Dieu et les rapports entre les sexes qui soient dignes d’intérêt, le reste (musique, cinéma, gastronomie et autres cérémonies… ce qui n’est pas simple survie) en découle, de toutes façons. Les Goncourt, encore : 

"La “caillette” est au XVIIIe siècle une figure plus particulière, plus significative. Elle n’est point seulement la suprême expression de la femme, de ses sens généraux, de son humeur commune, avec les nerfs, la cervelle, les fièvres et les inconstances de son sexe, elle représente son temps, et le particularise, en ce qu’il a produit de plus propre et de plus délicat. Elle est avant tout le produit et le résultat, l’exemple le plus sensible, l’image la plus achevée des recherches et des caprices d’esprit de la France. Et peut-être ne saurait-on entrer dans la connaissance familière de ce siècle de la femme, le toucher le plus près, que par ce personnage où se montre à la fois comme une exagération de la femme et comme un excès du temps. Elle reconnaît en elle le mal secret, le mal incurable que ce siècle porte en lui, et qu’il traîne partout en souriant, l’ennui.


Ne vous laissez pas tromper aux apparences de ce monde, à la réputation qu’il s’est faite par ses dehors, allez au-delà de ce qu’il montre, touchez à ce qu’il laisse échapper, que trouverez-vous comme mobile à ses agitations, comme excuse de ses scandales, comme expiation de ses fautes : l’ennui. Là est le fond du temps, le grand signe et le grand secret de cette société. La grande épistolière du temps, Mme du Deffand, sera le grand écrivain de l’ennui."