dimanche 24 février 2019

"A dangerously large sacrificial debt." J.B., 4e lampée.

Jordan Peterson, 12 rules for life, quelque part entre Wittgenstein, la description teintée d’esprit prophétique de notre pays malade, et le diagnostic sur la psychologie folle de celui qui en est le Président en titre : 

"Every game has rules. Some of the most important are implicit. You accept them merely by deciding to play the game. The first of this rules is that the game is important. If it wasn’t important, you wouldn’t be playing it. Playing a game defines it as important. The second is that moves undertaken during the game are valid if they help you win. If you make a move and it isn’t helping you win, then, by definition, it’s a bad move. You need to try something different. You remember the old joke : insanity is doing the same thing over and over while expecting different results. 

If you’re lucky, and you fail, and you try something new, you move ahead. If that doesn’t work, you try something different again. A minor modification will suffice in fortunate circumstances. It is therefore prudent to begin with small changes, and see if they help. Sometimes, however, the entire hierarchy of values is faulty, and the whole edifice has to be abandoned. The whole game must be changed. That’s a revolution, with all the chaos and terror of a revolution. It’s not something to be engaged in lightly, but it’s sometimes necessary. Error necessitates sacrifice to correct it, and serious error necessitates serious sacrifice. To accept the truth means to sacrifice - and if you have rejected the truth for a long time, then you’ve run a dangerously large sacrificial debt."

Tu parles, Charles ! Comme je n’aurai peut-être pas le temps dans un avenir proche de revenir sur ce sujet et que j’ai peur d’oublier ensuite - ça s’est vu -, quelques remarques supplémentaires sur ce chapitre ("Tell the truth. Or at least, don’t lie.") du livre de J. B. P. :

 - on y trouve une analyse de la folie rationnelle, qui n’est pas sans évoquer la célèbre formule de Chesterton, que je ne prétends d’ailleurs pas comprendre complètement : "Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison." ; 

 - comme dans le passage que je viens de retranscrire, sa façon de montrer à quel point le mensonge est une gangrène qui s’installe progressivement et s’auto-nourrit, est aussi valable pour des individus que pour des collectivités - et au premier chef la France, le pays qui se ment à lui-même, de plus en plus et en s’en rendant (à certains niveaux de pouvoir) de moins en moins compte, tant il vit dans le fantasme, l’abstraction, les grands mots, la méthode Coué, etc. - autres noms du mensonge ; 

 - enfin, j’ai été frappé de son insistance, qui m’a tout de suite évoqué, rien moins, les noms de Charles Péguy et Simone Weil, sur l’attention, aux choses comme aux êtres. S. Weil fait d’ailleurs de la prière une forme particulièrement aiguë de l’attention - et je crois que Jean Madiran évoque aussi cela. Je fais passer le message…



On peut par ailleurs lire ceci, édifiant : https://www.contrepoints.org/2018/12/17/332670-jordan-peterson-interviewe-par-martin-weill-le-journalisme-au-plus-bas. On y verra que le mensonge a encore, ou pense encore avoir, de beaux jours devant lui…