vendredi 15 février 2019

L'Américafrance.

Un ami monarchiste me disait récemment avoir pris un abonnement à Mediapart et repris la lecture du Canard enchaîné ; amusés, nous sommes tombés d’accord pour reconnaître le savoir-faire de la presse de gauche lorsqu’il s’agit de traiter de violences policières, de magouilles ou d’affaires d’État. Le livre de Juan Branco, proche de la France insoumise, sur l’installation du système Macron, en est probablement un bon exemple. Mais, dans son interview par L’Incorrect, l’auteur de Crépuscule livre aussi un tableau d’ensemble auquel n’importe quel Français un peu Gilet jaune et lucide, ne peut hélas que souscrire. Évoquant la façon dont M. Macron a utilisé des réseaux (DSK, Descoings, Moscovici, Arnault) qui se sont vite ralliés à lui, J. Branco généralise : 

"Il n’y a pas de présupposé idéologique là-dedans : l’idéologie est subordonnée à une logique d’intérêts, en un système économique plus général qui, dans les grandes lignes, en faisant de l’intégration à la mondialisation libérale son seul credo, nous a de fait amenés à fonctionner comme une sorte de néo-colonie américaine, intégrés dans un système économique et culturel où les vassaux - nos dirigeants - en échange de leur asservissement conscient ou inconscient maintiennent un pouvoir d’apparat. C’est ce qui explique la mise en scène piteuse d’une pseudo-opposition de Macron à Trump qui ne trompait personne, sinon les élites de la côte Est qu’il s’agissait de rassurer et nos élites intermédiaires, inquiètes de la rupture dans la chaîne de valeur que cet outsider provoquait avec leurs dominants. Ce système apporte suffisamment de bénéfices aux élites mais aussi aux individus au sein de la société, la France étant en position de force au sein de la mondialisation, mais impose une politique économique et une acculturation qui atteignent violemment les fondements de notre société. (…) Nos élites ont pris acte de la transformation de la France en l’un de ces potentats africains qu’elles ont si longtemps nourris, un fonctionnement par lequel elles s’inféodent à un système dévastateur au long terme, mais qui leur permet de conserver leur prébende et une apparence de domination."


Ce n’est pas qu’une apparence, les Gilets jaunes énucléés peuvent témoigner du caractère concret de cette domination, même si elle s’effectue pour des gens plus haut placés que les dirigeants français… Cette nuance faite, j’ai suffisamment pu déplorer à ce comptoir que la France soit devenue une république bananière sous contrôle américain, pour ne pas approuver ce qui précède. Et quand on a lu, comme votre serviteur le faisait au moment même où il a ouvert son café, il y a plus de treize ans, les livres de François-Xavier Verschave sur la Françafrique, on sait, quitte à avoir pris du recul sur certaines des analyses que l’on peut y trouver, que les domestiques de l’Empire sont prêts à beaucoup de choses, à beaucoup de saloperies envers le peuple qu’ils devraient pourtant protéger et incarner, pour garder leur place et leur sale boulot…