"Dans la Loi, qui vient de Dieu, ils avaient établi leur propre justice..."
Saint Augustin continue à gloser saint Paul… Pour comprendre la deuxième partie de ce court extrait (le temps me manque pour tout retranscrire), il faut se rappeler la thèse paulinienne du rapport de la Loi au péché : d’une part on est plus pécheur lorsque l’on connaît la Loi que lorsqu’on l’ignore (je vous ai déjà cité un texte de saint Augustin sur ce thème), d’autre part, Paul et Augustin ont développé ce thème quelques siècles tout de même avant libertins, « Lumières » et autre « divin » marquis, la connaissance même de la Loi a tendance à susciter un désir de l’enfreindre.
"Tous ceux qui, avec le renfort de la Loi et sans l’aide de la grâce, se fiant à leur propre force, sont menés par leur propre esprit ne sont pas des fils de Dieu. Tels sont ceux dont le même apôtre dit : « Ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne sont pas soumis à la justice de Dieu. » Il disait cela des Juifs qui, présumant trop d’eux-mêmes, repoussaient la grâce et par conséquent ne croyaient pas au Christ. Il dit qu’ils voulaient établir leur propre justice, la justice issue de la Loi. Non que la Loi ait été établie par eux ; mais dans la Loi, qui vient de Dieu, ils avaient établi leur propre justice, car ils croyaient pouvoir accomplir cette même Loi par leurs propres forces, « ne connaissant pas la justice de Dieu », non cette justice par laquelle Dieu est juste, mais celle qui est accordée à l’homme par Dieu. (…)
[Saint Augustin n’évoque plus maintenant les Juifs qui ont rejeté le Christ et la grâce, mais les convertis à qui Paul s’adressait.] Ils étaient sous la Loi, non sous l’empire du péché dont l’homme n’est pas libéré par la loi, mais par la grâce. Voilà pourquoi [Paul] dit ailleurs : « Le péché n’aura pas d’emprise sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce. » Non que la Loi soit mauvaise, mais parce que se trouvent sous elle ceux que la Loi rend coupables en leur donnant des commandements et non une aide. La grâce en effet apporte une aide pour que chacun soit un pratiquant de la Loi ; placé sous la Loi sans la grâce, il ne sera qu’auditeur de la Loi. C’est à de tels auditeurs que l’Apôtre dit : « Si vous placez votre justice dans la Loi, vous serez dépossédés de la grâce. »"
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