dimanche 31 mars 2019

La bâtarde.

Je n’ai jamais lu une ligne de Violette Leduc et me garderai donc bien de la juger en tant qu’écrivain. Ceci posé, tombant tout à l’heure, suite à un enchaînement d’associations d’idées, sur la fiche Wikipedia qui lui est consacrée, je me suis dit qu’il était tout de même curieux que l’on nous présente parfois comme des héros des gens dont la vie est « officiellement » résumée ainsi : 

"Violette Leduc est née à Arras le dimanche 7 avril 1907 (déclarée le 8), à cinq heures du matin, fille illégitime de Berthe Leduc et d'André Debaralle, un « fils de famille » de la haute bourgeoisie de Valenciennes. Il refuse de reconnaître l'enfant. Dès son enfance, elle est marquée par la honte de sa naissance. Violette est interne au collège de Valenciennes, puis dans celui de Douai où elle fait la connaissance d'Isabelle P. avec qui elle a une relation d'amour passionnée. Violette Leduc connaît également, à cette époque, ses premières passions littéraires : les classiques russes, puis Cocteau, Duhamel, Gide, Proust et Rimbaud. En 1925, Denise Hertgès (Cécile dans Ravages et Hermine dans La Bâtarde), surveillante au collège de Douai et fine musicienne, devient son amante. Leur relation est découverte. Le scandale éclate et les deux jeunes femmes sont renvoyées de l’établissement.

En 1926, Violette accompagne sa mère et son beau-père à Paris et poursuit ses études secondaires au lycée Racine. Elle rate son baccalauréat et décide d'abandonner ses études pour gagner sa vie. Violette et Denise vivent ensemble pendant neuf ans dans des hôtels meublés de la banlieue parisienne. Elle devient échotière chez Plon, où elle rencontre de nombreux écrivains. Après avoir été quittée par Denise, Violette entre en 1936 chez Synops comme scénariste, y rencontre en mai 1938 Maurice Sachs, écrivain aventurier homosexuel, futur auteur du Sabbat, dont elle tombe éperdument amoureuse. En 1939, elle est secrétaire pour la Nouvelle Revue Critique, maison d'édition dirigée par les frères Keller, où elle restera un an, jusqu'à la déclaration de la guerre. 

Elle épouse en 1939 Jacques Mercier, un ancien ami, photographe de mariages et peintre à ses heures, mais le couple, installé au 20, rue Paul-Bert (Paris XIe), se sépare au bout d'un an. Violette se fait avorter à cinq mois et demi de grossesse et frôle la mort. Cette expérience dramatique est longuement décrite dans Ravages. En 1940, recommandée par Sachs, elle collabore à la revue Pour Elle et au quotidien Paris-Soir. En 1942, elle s'installe pendant trois mois dans un village de Normandie, Anceins, près de L'Aigle où, sur l'injonction de Maurice Sachs, qu'elle aime d'un amour impossible, elle commence à écrire ses souvenirs d'enfance, dans L'Asphyxie, sa fameuse première phrase (« Ma mère ne m'a jamais donné la main ») déclenchant tout le reste. Elle survit grâce à ses petits trafics de marché noir. En 1944, elle découvre L'Invitée de Simone de Beauvoir et comprend la composante homosexuelle de son auteur. En février 1945, par l'entremise de deux amies, Violette Leduc est présentée à Simone de Beauvoir qui accepte de lire le manuscrit de L'Asphyxie. D'emblée Beauvoir reconnaît son talent. Dès lors, elle suivra son travail et la soutiendra jusqu'à la fin. Des extraits du manuscrit paraissent dans Les Temps modernes. En mai 1946, L'Asphyxie sort chez Gallimard dans la collection « Espoir » dirigée par Camus. Le livre ne connaît aucun succès, mais Violette Leduc gagne l'estime de Jean Cocteau, Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Nathalie Sarraute et Jean-Paul Sartre.

Éprise de Simone de Beauvoir, elle entame la rédaction de L'Affamée, poème en prose, journal onirique d'une amoureuse, consacré à sa passion pour le Castor, nommée « Elle » tout au long des pages. Violette Leduc se lie d'amitié avec Colette Audry et surtout Nathalie Sarraute. En septembre 1947, grâce à Genet qu'elle admire, elle rencontre Jacques Guérin, bâtard comme elle, riche industriel (il dirige les parfums d'Orsay), collectionneur de livres rares, de manuscrits, d'œuvres d'art, ami d'artistes et d'écrivains. Elle s'éprend de cet homme qui ne peut répondre à ses élans : comme Sachs, Guérin est homosexuel. Il admire l'œuvre de Violette et lui apportera son fidèle soutien pendant les dix-sept années de leur amitié. En 1948, il fait publier à ses frais, chez Jean-Jacques Pauvert (Éditions du Palimugre), une édition de luxe de L'Affamée qui sort la même année chez Gallimard. Elle commence la rédaction de Ravages, son premier roman. En 1949, Sartre et Beauvoir versent une petite pension à Violette Leduc par l'intermédiaire des Éditions Gallimard afin de ménager la sensibilité de leur obligée. En 1954, grâce au prix Goncourt obtenu pour Les Mandarins, Simone de Beauvoir assumera seule cette charge. En 1954, Leduc est victime de la censure éditoriale : Gallimard ôte les cent cinquante premières pages de son roman Ravages. L'auteur y décrivait dans un style imagé, mais aussi avec une exactitude d'entomologiste, les ébats passionnés de deux collégiennes, Thérèse et Isabelle. En 1955, Ravages sort amputé de son début et Jacques Guérin publie un tirage restreint (28 exemplaires) de cette partie censurée par l’éditeur.

En 1956, elle séjourne six mois dans une clinique de Versailles pour soigner ses tendances paranoïaques puis, en 1957 six mois dans une maison de repos, « La Vallée-aux-Loups » à Châtenay-Malabry.

En 1961, grâce à une amie écrivain, Thérèse Plantier, elle découvre Faucon et s'y réfugie pour continuer la rédaction de La Bâtarde, une autobiographie romanesque, qui, commencée en 1958, paraît en 1964, avec une longue et dithyrambique préface de Simone de Beauvoir. Le succès est immédiat, le livre est vendu à 170 000 exemplaires. Il est pressenti pour le prix Goncourt. Violette Leduc a 57 ans au moment de son succès littéraire. Pour lui donner une totale indépendance, Beauvoir exige le remboursement des sommes qu'elle lui versait depuis 1949. Cette décision a pour but de mettre Violette sur un pied d'égalité et de lui permettre de s'acquitter ainsi de ses complexes d'infériorité.

Elle continue à publier et rencontre chaque fois un grand succès d'estime, parfois aussi commercial (Thérèse et Isabelle), et mène, avec parcimonie, une vie quelque peu mondaine. De nombreux journaux lui demandent des articles. Elle s'installe de longs mois dans la maison qu'elle a achetée et fait restaurer à Faucon.

En 1970, elle publie La Folie en tête que Simone de Beauvoir a auparavant fortement censuré, tant certains passages lui semblaient emphatiques et impudiques. A l’occasion de la sortie du livre, Violette Leduc est interviewée dans l’émission Vie littéraire de la RTS. Elle évoque ceux qui ont marqué sa vie: Maurice Sachs et Simone de Beauvoir. Elle revient sur les circonstances de la querelle qui l'a brouillée avec Jean Genet.

Violette a un cancer du sein et décide de s'installer définitivement à Faucon dans sa maison rénovée. Elle continue à écrire malgré l'aggravation de la maladie et meurt chez elle le 28 mai 1972 en présence d'un ami.

Simone de Beauvoir est nommée héritière de ses droits littéraires et publie La Chasse à l'amour en 1973.

Violette Leduc, l'une des pionnières de l'autofiction, a fait de sa vie la matière principale de ses livres. L'apparente simplicité de son style, sa musique particulière leur donnent un ton vrai, personnel et très attachant."


(En espérant que ses livres ne ressemblent pas à du Ernaux ou du Angot…)