lundi 7 octobre 2019

"On ne répondit pas."

Poursuivant, à mon train de sénateur, la lecture du livre de Jean Clair, La part de l’ange. Journal 2012-2015 (J. Clair qui je le précise n’est pas particulièrement anti-musulman), c’est aujourd’hui que je tombe sur ces lignes : 

"Les églises… On est resté embarrassé, sans voix quand, d’un ton patelin, le recteur de la Mosquée de Paris a proposé qu’on transformât les églises désaffectées en mosquées pour accueillir les foules de croyants qui prient dans les rues. Que répondre ? On ne répondit pas. Empêtré dans les contradictions de la laïcité, ignorant de l’histoire culturelle et architecturale d’un édifice autour duquel l’Occident avait fondé sa culture, on resta coi. 

C’était oublier qu’un auparavant, au mois près, les Islamistes au pouvoir en Turquie demandaient que la basilique impériale, transformée en musée par Kemal, l’église de la Sainte-Sophie, redevienne une mosquée. Le président Erdogan, le 30 mai 2014, était venu prier à Sainte-Sophie, le jour anniversaire de la chute de Constantinople. Un autre anniversaire était, ce jour-là, celui du génocide arménien, un siècle plus tôt, en 1919. Les dates avaient été choisies et la proposition du recteur n’était pas venue au hasard du seul fait sa générosité. La France ne disait mot, soulagée d’en finir avec la foi de ses grands-parents : pourquoi en effet ne pas donner nos églises aux musulmans qui sont à la rue, comme nos lycées déserts au migrants qui campent chez nous ? 


Il y a au Louvre une salle des antiquités islamiques, à grand faste inaugurée, mais qui, dans ses pauvres collections, ne présente pas grand cas. 

La salle byzantine a récemment été fermée, où des objets somptueux, délicats, bouleversants à nos sens, illustraient une histoire qui a été la nôtre, ses mythes, ses légendes - et pourquoi pas sa foi ? -, pour témoigner, dans leur forme et dans leur iconographie, que l’Orient avait été, jusqu’à Constantinople, le berceau spirituel de l’Europe…



Amie fidèle de l’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirs, la France semble avoir toujours préféré la collaboration à la résistance, et le lâche soulagement de la poignée de main de Montoire à la levée en masse qui aurait permis de redonner à ceux qui la peuplent un peu de sens et d’orgueil. On sauve chaque fois son corps, un peu honteux, mais on a perdu l’âme. Au nom de la laïcité, on a en France déchristianisé plus vite et plus radicalement qu’en tout autre pays d’Europe. On a aussi, ce faisant, pavé la voie à l’ignorance et la brutalité qui montent. Laissons donc les vieilles églises et les anciens lycées aux nouveaux arrivants. De déni en déni, de lâcheté en lâcheté, quand tout aura été, de proche en proche et sans murmurer, la proie d’une désécration, « une pénurie de sacré » disait déjà Péguy, nous serons prêts pour l’abattoir."

Now’s the time, comme disait Charlie Parker…