(Pas trouvé de titre...)
Les habitués qui me suivent depuis des lustres - il y en a, et je les remercie ! - savent que si j’ai pu évoluer sur certains points j’ai toujours défendu l’idée qu’il n’y avait pas de rupture de principe entre modernité et post-modernité. Je me réjouis donc chaque fois que je rencontre une confirmation de cette hypothèse, que ce soit un élément de preuve ou un simple accord sur ce point d’un auteur que j’estime.
J’ai ainsi été ravi de lire ce paragraphe de Jean Clair (qui vient à la fin d’une séquence fort réussie, dont j’espère vous transmettre la substantifique moelle ultérieurement) :
"Cette provinciale de passage, avec l’accent de son terroir, qui pénètre pour la première fois dans les jardins du Palais-Royal et, découvrant les colonnes de Daniel Buren, de hauteurs différentes, comme les poteaux en béton d’un édifice en cours, s’exclame : « Mais, y a tout un chantier ici… » Elle dit mieux que toutes les exégèses le projet inachevé de la modernité - et déjà sa ruine, prétentieuse, laide et dérisoire. La modernité comme construction de la ruine."
Très bonne définition ! - On peut ajouter alors - j’ai peut-être déjà écrit cela - que le moderne est celui participe de façon plus ou moins volontaire et/ou amère à la construction de cette ruine, quand le post-moderne s’enchante (et il a raison, il serait incapable de faire autre chose) de construire de la ruine. (Comme on dirait : de la merde - et l’on connaît l’attirance du post-moderne pour l’organique et l’excrémentiel.) Différence d'état d'esprit, pas de principe.
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