"Que nous reste-t-il à détruire ?..."
Quelques remarques de Thierry Maulnier. Je n’interprète pas les nuances de ton et de logique entre ces trois extraits, mais attire tout de même votre attention dessus… Je rappelle que ceci a été écrit dans les années 70, voire un peu avant.
"Xénophobie et capitalisme. - Le socialisme révolutionnaire n’a trouvé son débouché vers le pouvoir au milieu de ce siècle, dans les pays à économie retardataire, qu’en signant sa nouvelle alliance avec la xénophobie. Ce n’est pas tant parce qu’il est le capital que le capital est désigné comme l’ennemi à abattre, mais parce qu’il est étranger."
"Le paradoxe occidental. - La ruine de l’empire planétaire de l’Occident, le grand reflux devant la révolution venue de l’Est et sous la pression des peuples ou des continents de prolétaires, s’est produit au moment même de son apogée, dans l’instant historique où ce même Occident arrivait au sommet de la puissance technique et des conquêtes de la raison scientifique, offrait au monde un progrès fabuleux dans les moyens de nourrir et de guérir, faisait éclater l’énergie incluse dans les particules de la matière, ajoutait la lune à son domaine, entreprenait la conquête du système solaire, réalisait ce que l’homme, depuis le début de son histoire, n’avait même pas osé rêver. Jamais il n’y avait eu autant de distance entre la puissance de l’Occident et les faiblesses de ses rivaux qu’à l’instant où ont sonné les clairons de la grande retraite, les cloches du grand crépuscule. Comment s’appelait donc l’ennemi silencieux qui s’est glissé la nuit dans les lignes de défense de l’Occident pour tuer les sentinelles, voler les fusils des soldats assoupis, surprendre les chefs dans leur sommeil ? Cet ennemi silencieux avait nom mauvaise conscience."
Ce qui est peut-être logique : les buts poursuivis n’ont été que matériels, l’homme assoiffé avait besoin d’autre chose…
"En quelques dizaines d’années, nous avons vu s’effondrer l’imperium européen maître du monde, la révolution des techniques conquérir les planètes et maîtriser les différents constituants de la matière, s’effondrer, ou de mettre elles-mêmes en question, les religions millénaires, le progrès devenir inquiétant, les multitudes de l’inflation démographique et de la faim se mettre en marche, s’ouvrir la grande crise de la connaissance, devenir douteuses toutes les valeurs constitutives de la civilisation et celles des révolutions qui prétendent les renverser. Que nous reste-t-il à détruire ? Le nihilisme lui-même."
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