"IL N'Y A PLUS D'AMES GENEREUSES."
C'est un long texte, il faut quelques jours pour le lire si on n'a pas encore l'âge de la retraite, on peut toujours considérer que son auteur perd de son temps à démonter les erreurs et mensonges de bien piteux adversaires (c'est toujours le problème, on ne peut mépriser indéfiniment les crotales, "qui ne dit mot consent"...), mais c'est un texte plein de richesses, aussi bien sur le catholicisme - et notamment celui de Bloy - que sur l'islam, traditionnel et contemporain, la notion d'universel... Je conseille donc ce "Je suis un hérétique", publié par M. Limbes, avec plaisir, n'en extrayant, outre la phrase de Bloy qui me sert de titre, que ce passage :
"Oui, il y a un « prosélytisme » que l'on peut me reprocher : j'ai effectivement tenté de faire partager à mes frères musulmans – et autres – ma passion pour certains auteurs musulmans ou non, tels que Bloy, Péguy, Bernanos ; de promouvoir islamiquement l'idée qu'un auteur chrétien, notamment ces trois-là, pouvait nous apporter quelque chose, à nous, musulmans. Plus généralement, que de tels auteurs pouvaient encore apporter quelque chose à l'humanité. Je sais d'ailleurs qu'il y a des musulmans qui comprennent cela sans moi, mieux que moi, et loin de toute guimauve « œcuménique », mais tel était le message que je voulais faire passer à mes frères en religion – après cela, faire planer sur moi l'accusation d'« exclusivisme », c'est d'une bêtise ! Ces gens ne sont quand même pas observateurs, ou alors ils ne réfléchissent pas. Voilà des années que je ne cesse de faire l'éloge de toute sorte d'auteurs « non musulmans », comme Bloy, etc. et aussi Platon, Plotin... si je pensais qu'il n'y a rien de bon chez ces auteurs, que leur « voie » ne peut pas aussi mener à Dieu, au moins en théorie, expliquez-moi un peu pourquoi je perdrais ainsi mon temps ! Supposition qui clame sa propre absurdité.
Pour en revenir à mon parcours personnel, donc, il a ceci de particulier que, parti d'une position très fermée, voire hostile au christianisme, c'est bien grâce à l'islam que je m'en suis progressivement rapproché, jusqu'à pouvoir lire des auteurs comme Érigène ou Rusbrock, ce qui m'eût été impossible avant ma « conversion », époque où les bêtises de Nietzsche sur le christianisme, entre autres, obstruaient mon entendement. Ainsi ont été les choses pour moi : à mesure que j'ai progressé dans l'islam, j'ai progressé dans ma compréhension et dans ma sympathie pour les autres religions, en tout cas pour ce qu'il y a de réellement spirituel en chacune d'elle. Pour autant, je rejette tout mélange de type « syncrétiste », et je ne me vante pas non plus d'avoir acquis une compréhension sublime du christianisme ou d'autres doctrines, qui ne restent pas moins mystérieuses pour moi que l'islam même : je dis juste que je les comprends et les aime mieux aujourd'hui qu'il y a dix ans, dans la mesure même où je comprends et où j'aime mieux ma propre religion. Les fanatiques me comprendront. L'islam a été ma clef pour entrer dans le monde des traditions sacrées – une seule clef, mais elle ouvre une infinité de portes ; loin d'être un voile, un obstacle – le voile, c'était plutôt la « mécréance » qui était en moi avant ma « conversion » – il a été et reste le lien qui me relie à elles. Si aujourd'hui, des auteurs chrétiens, juifs ou autres me parlent, si je les comprends et les respecte comme je le ferais de musulmans, – jusqu'à, notamment, en faire l'éloge sur un site spécialement créé à cet effet, et risquer de me faire épingler comme « hérétique » par la racaille salafiste du coin – c'est là le résultat d'une transformation qui n'aurait pas été possible pour moi sans l'islam. Et je suis convaincu que si elle est comprise correctement, – mais pour cela il faut au moins se donner la peine de lire les textes – cette tradition ne peut pas produire autre chose, car elle repose précisément sur ce principe d'universalité qui prépare le cœur du fidèle à accueillir toute expression valable de l'Esprit – c'est là le sens de « l'ouverture de la poitrine », dont il est parlé dans le saint Coran."
Et puis aussi cette évocation, que j'approfondirai peut-être un jour, d'"une stupéfiante convergence, on serait tenté de parler de connivence, entre tous les modes de l'abrutissement et de l'avilissement contemporains, comme si, pour « éteindre avec leur bouche la lumière de Dieu » ou du moins tenter d'en réglementer strictement les apparitions, tous les débiles et les tarés de l'heure, untermensh salafis, crevures modernistes, raclures ésotériques et croupissures sionardes, s'étaient donné le mot (peu importe lequel)."
Et puis encore ce beau passage du philosophe Jean Borella :
"Chrétiens assermentés au monde moderne, vous qui avez juré fidélité à l'esprit de notre temps, chrétiens assoiffés de votre présence à l'aujourd'hui, avez-vous déjà remis en question, dans un moment de doute, votre acte de foi dans la vertu du juste milieu ? Et si, d'aventure, il se trouvait qu'à l'aune du bon sens humain, la Vérité fût excessive ? Avez-vous déjà pensé que le principe qui veut que la parfaite raison fuie toute extrémité, définit assurément une attitude formelle, mais ne saurait en bonne logique, servir de critère du vrai ou du faux pour un contenu doctrinal ? Car il est bien évident que notre seul jugement décide du normal ou de l'excessif, et que notre jugement lui-même est formé et informé par ce que la civilisation du moment lui fournit, comme terme de comparaison. Le déiste Voltaire aurait fui dans un couvent s'il avait pu prévoir les conséquences de son œuvre. Sans doute lui paraissait-elle pourtant un exemple de rationalisme modéré."
Si vous vous contentez de cela - c'est votre problème.
"Oui, il y a un « prosélytisme » que l'on peut me reprocher : j'ai effectivement tenté de faire partager à mes frères musulmans – et autres – ma passion pour certains auteurs musulmans ou non, tels que Bloy, Péguy, Bernanos ; de promouvoir islamiquement l'idée qu'un auteur chrétien, notamment ces trois-là, pouvait nous apporter quelque chose, à nous, musulmans. Plus généralement, que de tels auteurs pouvaient encore apporter quelque chose à l'humanité. Je sais d'ailleurs qu'il y a des musulmans qui comprennent cela sans moi, mieux que moi, et loin de toute guimauve « œcuménique », mais tel était le message que je voulais faire passer à mes frères en religion – après cela, faire planer sur moi l'accusation d'« exclusivisme », c'est d'une bêtise ! Ces gens ne sont quand même pas observateurs, ou alors ils ne réfléchissent pas. Voilà des années que je ne cesse de faire l'éloge de toute sorte d'auteurs « non musulmans », comme Bloy, etc. et aussi Platon, Plotin... si je pensais qu'il n'y a rien de bon chez ces auteurs, que leur « voie » ne peut pas aussi mener à Dieu, au moins en théorie, expliquez-moi un peu pourquoi je perdrais ainsi mon temps ! Supposition qui clame sa propre absurdité.
Pour en revenir à mon parcours personnel, donc, il a ceci de particulier que, parti d'une position très fermée, voire hostile au christianisme, c'est bien grâce à l'islam que je m'en suis progressivement rapproché, jusqu'à pouvoir lire des auteurs comme Érigène ou Rusbrock, ce qui m'eût été impossible avant ma « conversion », époque où les bêtises de Nietzsche sur le christianisme, entre autres, obstruaient mon entendement. Ainsi ont été les choses pour moi : à mesure que j'ai progressé dans l'islam, j'ai progressé dans ma compréhension et dans ma sympathie pour les autres religions, en tout cas pour ce qu'il y a de réellement spirituel en chacune d'elle. Pour autant, je rejette tout mélange de type « syncrétiste », et je ne me vante pas non plus d'avoir acquis une compréhension sublime du christianisme ou d'autres doctrines, qui ne restent pas moins mystérieuses pour moi que l'islam même : je dis juste que je les comprends et les aime mieux aujourd'hui qu'il y a dix ans, dans la mesure même où je comprends et où j'aime mieux ma propre religion. Les fanatiques me comprendront. L'islam a été ma clef pour entrer dans le monde des traditions sacrées – une seule clef, mais elle ouvre une infinité de portes ; loin d'être un voile, un obstacle – le voile, c'était plutôt la « mécréance » qui était en moi avant ma « conversion » – il a été et reste le lien qui me relie à elles. Si aujourd'hui, des auteurs chrétiens, juifs ou autres me parlent, si je les comprends et les respecte comme je le ferais de musulmans, – jusqu'à, notamment, en faire l'éloge sur un site spécialement créé à cet effet, et risquer de me faire épingler comme « hérétique » par la racaille salafiste du coin – c'est là le résultat d'une transformation qui n'aurait pas été possible pour moi sans l'islam. Et je suis convaincu que si elle est comprise correctement, – mais pour cela il faut au moins se donner la peine de lire les textes – cette tradition ne peut pas produire autre chose, car elle repose précisément sur ce principe d'universalité qui prépare le cœur du fidèle à accueillir toute expression valable de l'Esprit – c'est là le sens de « l'ouverture de la poitrine », dont il est parlé dans le saint Coran."
Et puis aussi cette évocation, que j'approfondirai peut-être un jour, d'"une stupéfiante convergence, on serait tenté de parler de connivence, entre tous les modes de l'abrutissement et de l'avilissement contemporains, comme si, pour « éteindre avec leur bouche la lumière de Dieu » ou du moins tenter d'en réglementer strictement les apparitions, tous les débiles et les tarés de l'heure, untermensh salafis, crevures modernistes, raclures ésotériques et croupissures sionardes, s'étaient donné le mot (peu importe lequel)."
Et puis encore ce beau passage du philosophe Jean Borella :
"Chrétiens assermentés au monde moderne, vous qui avez juré fidélité à l'esprit de notre temps, chrétiens assoiffés de votre présence à l'aujourd'hui, avez-vous déjà remis en question, dans un moment de doute, votre acte de foi dans la vertu du juste milieu ? Et si, d'aventure, il se trouvait qu'à l'aune du bon sens humain, la Vérité fût excessive ? Avez-vous déjà pensé que le principe qui veut que la parfaite raison fuie toute extrémité, définit assurément une attitude formelle, mais ne saurait en bonne logique, servir de critère du vrai ou du faux pour un contenu doctrinal ? Car il est bien évident que notre seul jugement décide du normal ou de l'excessif, et que notre jugement lui-même est formé et informé par ce que la civilisation du moment lui fournit, comme terme de comparaison. Le déiste Voltaire aurait fui dans un couvent s'il avait pu prévoir les conséquences de son œuvre. Sans doute lui paraissait-elle pourtant un exemple de rationalisme modéré."
Si vous vous contentez de cela - c'est votre problème.
Libellés : Bernanos, Bloy, Borella, Erigène, islam, Limbes, Nietzsche, Péguy, Platon, Plotin, Rusbrock, Voltaire
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