« T'as voté, t'as voté, si t'as voté c'est qu't'avais le choix...
A la veille d'une manifestation dont on avouera ici espérer qu'elle sera à la hauteur des événements, tout en craignant qu'elle ne se résume à un « Sarkozy des sous », un hommage à l'Islande, avec qui j'ai été un peu dur le mois dernier et qui depuis a tout de même réussi à virer son premier ministre [1],
(Non, ils ne sont pas islandais, mais iraniens, en 1979... Cette photographie est plus réjouissante que celles que j'ai pu trouver des manifestations en Islande, et fait donc très bien l'affaire aujourd'hui.)
une nouvelle citation d'un M. Defensa singulièrement en forme :
"Devant nous se contractent et se tordent les soubresauts d’une crise gigantesque, exactement à la mesure de l’univers, non seulement “en temps réel” comme on dit assez banalement et sans beauté, mais en temps accéléré, en un temps devenu fou (selon la pensée courante) ou bien devenu pleinement historique (en référence à l’Histoire, qui est redevenue la force principale de notre destin). Cette occurrence conduit à d’étranges circonstances. Ainsi avons-nous en même temps le délit, l’objet du délit et les conséquences du délit, avec les victimes qui ne cessent de s’empiler et la catastrophe qui ne cesse de s’étendre, et les coupables enfin, parfaitement identifiés, sans même nécessité d’un procès ; il y a même certains parmi ces coupables qui, lorsqu’ils n’ont pas leur fortune personnelle à mettre à l’abri après la faillite à laquelle ils ont présidé (ce qui n’est pas simple par les temps qui courent et les banques qui chutent, – de mettre sa fortune en sécurité), certains qui ne regrettent rien, le disent hautement et répètent qu’il faut recommencer, le plus vite possible. Il y a même des coupables qui continuent à travailler en dénonçant hautement les conséquences catastrophiques de la crise qu’ils ont largement contribué à susciter (dito, Gordon Brown).
Nous avons inventé, dans notre grande sagesse, la notion de “crime contre l’humanité”. Cette notion s’adresse-t-elle à eux, qui ont allumé la mèche d’une chose qui peut pulvériser une civilisation, qui introduit le malheur partout après avoir suscité les plus folles ambitions et contribué décisivement à l’abaissement de l’esprit, au nom d’un système qui est en train de bouleverser l’équilibre naturel du monde ? Les ménagères de Reykjavik [le système médiatique anglo-saxon semble vouloir qualifier les événements islandais de « révolution des ménagères » (« Household Revolution »), ce qui est très réducteur [2]] sembleraient assez d’accord. Pourtant, certains d’entre eux ne sembleraient pas devoir faire de mal à une mouche. Rappelez-vous Greenspan, témoignant de son désarroi et de son incompréhension devant le Congrès, en octobre 2008, au point qu’on serait tenté de s’en aller le consoler. Ces coupables ressuscitent la fameuse formule, à l’envers : “coupables mais pas responsables”.
Stricto sensu, ils sont coupables d’un “crime contre l’humanité” si monstrueux qu’il donne dans certains cas assez de champ pour envisager des perspectives vraiment apocalyptiques. Pourtant, il leur manque la substance de la culpabilité. En un sens, la culpabilité d’une telle situation est trop lourde pour être portée par un homme ou par ces quelques hommes. Ce cas n’est pas nouveau, contrairement à ce que nous répète notre propagande qui a pris le nom d’“histoire”, – ou de “mémoire”. Depuis la Première Guerre mondiale, d’une façon générale les crimes fondamentaux de l’histoire des hommes dépassent la culpabilité des hommes, alors qu’on sait bien par ailleurs que le coupable est aussi cette monstrueuse machine, ce système qui s’exprime aussi bien mécaniquement que politiquement, ce pur enchaînement de puissance qui est pourtant, quoiqu’on en veuille, création du “génie” humain, – ce qui nous ramène tout de même à la culpabilité humaine."
Bon péché originel à tous !
[1]
Il se s'agit que d'un gros mollasson cancéreux, qui est un peu à son maître David Oddsson, ex-premier ministre et actuellement toujours gouverneur de la banque centrale d'un pays en faillite, ce que J. Tibéri était à J. Chirac : un pantin fragile, désemparé, parfois ridicule - mais bon, c'est mieux que rien, et, à l'heure actuelle, c'est mieux que nous.
[2]
D'autant plus réducteur que faux, et même doublement faux. L'expression islandaise - dont, comme souvent dans ces cas-là, on a bien du mal à identifier le premier auteur - est : Búsáhaldabyltingin, de búsáhöld : vaisselle (au sens large, ustensiles de cuisine compris), et bylting : révolution. A quoi tient l'histoire, en effet : c'est lorsque les Islandais ont commencé à manifester en faisant du bruit avec toutes sortes de couverts, assiettes, pots, etc., que d'une part ils se sont retrouvés en nombre, d'autre part ont senti que le gouvernement, jusqu'alors plein d'une morgue proportionnelle à son inefficacité, en menait de moins en moins large.
Traduire, comme le fait le journaliste du Times vers qui, via M. Defensa, j'ai mis un lien, Búsáhaldabyltingin par Household Revolution, est donc confondre les ustensiles de cuisine avec le ménage (au sens où l'on parle des dépenses des ménages). Première erreur, à laquelle s'ajoute celle de M. Defensa lui-même, qui remplace « ménage » par « ménagère », ce qui peut-être provoque un écho de certaines révolutions sud-américaines du passé, mais induit en erreur sur une révolution (le mot est d'ailleurs un peu fort, c'est juste un gouvernement qui tombe, pas, ou pas encore, un changement de régime) à laquelle toute la population a participé.
Voilà, vous savez tout. (Note ajoutée quelques heures plus tard, après consultation de ma spécialiste préférée).
(Non, ils ne sont pas islandais, mais iraniens, en 1979... Cette photographie est plus réjouissante que celles que j'ai pu trouver des manifestations en Islande, et fait donc très bien l'affaire aujourd'hui.)
une nouvelle citation d'un M. Defensa singulièrement en forme :
"Devant nous se contractent et se tordent les soubresauts d’une crise gigantesque, exactement à la mesure de l’univers, non seulement “en temps réel” comme on dit assez banalement et sans beauté, mais en temps accéléré, en un temps devenu fou (selon la pensée courante) ou bien devenu pleinement historique (en référence à l’Histoire, qui est redevenue la force principale de notre destin). Cette occurrence conduit à d’étranges circonstances. Ainsi avons-nous en même temps le délit, l’objet du délit et les conséquences du délit, avec les victimes qui ne cessent de s’empiler et la catastrophe qui ne cesse de s’étendre, et les coupables enfin, parfaitement identifiés, sans même nécessité d’un procès ; il y a même certains parmi ces coupables qui, lorsqu’ils n’ont pas leur fortune personnelle à mettre à l’abri après la faillite à laquelle ils ont présidé (ce qui n’est pas simple par les temps qui courent et les banques qui chutent, – de mettre sa fortune en sécurité), certains qui ne regrettent rien, le disent hautement et répètent qu’il faut recommencer, le plus vite possible. Il y a même des coupables qui continuent à travailler en dénonçant hautement les conséquences catastrophiques de la crise qu’ils ont largement contribué à susciter (dito, Gordon Brown).
Nous avons inventé, dans notre grande sagesse, la notion de “crime contre l’humanité”. Cette notion s’adresse-t-elle à eux, qui ont allumé la mèche d’une chose qui peut pulvériser une civilisation, qui introduit le malheur partout après avoir suscité les plus folles ambitions et contribué décisivement à l’abaissement de l’esprit, au nom d’un système qui est en train de bouleverser l’équilibre naturel du monde ? Les ménagères de Reykjavik [le système médiatique anglo-saxon semble vouloir qualifier les événements islandais de « révolution des ménagères » (« Household Revolution »), ce qui est très réducteur [2]] sembleraient assez d’accord. Pourtant, certains d’entre eux ne sembleraient pas devoir faire de mal à une mouche. Rappelez-vous Greenspan, témoignant de son désarroi et de son incompréhension devant le Congrès, en octobre 2008, au point qu’on serait tenté de s’en aller le consoler. Ces coupables ressuscitent la fameuse formule, à l’envers : “coupables mais pas responsables”.
Stricto sensu, ils sont coupables d’un “crime contre l’humanité” si monstrueux qu’il donne dans certains cas assez de champ pour envisager des perspectives vraiment apocalyptiques. Pourtant, il leur manque la substance de la culpabilité. En un sens, la culpabilité d’une telle situation est trop lourde pour être portée par un homme ou par ces quelques hommes. Ce cas n’est pas nouveau, contrairement à ce que nous répète notre propagande qui a pris le nom d’“histoire”, – ou de “mémoire”. Depuis la Première Guerre mondiale, d’une façon générale les crimes fondamentaux de l’histoire des hommes dépassent la culpabilité des hommes, alors qu’on sait bien par ailleurs que le coupable est aussi cette monstrueuse machine, ce système qui s’exprime aussi bien mécaniquement que politiquement, ce pur enchaînement de puissance qui est pourtant, quoiqu’on en veuille, création du “génie” humain, – ce qui nous ramène tout de même à la culpabilité humaine."
Bon péché originel à tous !
[1]
Il se s'agit que d'un gros mollasson cancéreux, qui est un peu à son maître David Oddsson, ex-premier ministre et actuellement toujours gouverneur de la banque centrale d'un pays en faillite, ce que J. Tibéri était à J. Chirac : un pantin fragile, désemparé, parfois ridicule - mais bon, c'est mieux que rien, et, à l'heure actuelle, c'est mieux que nous.
[2]
D'autant plus réducteur que faux, et même doublement faux. L'expression islandaise - dont, comme souvent dans ces cas-là, on a bien du mal à identifier le premier auteur - est : Búsáhaldabyltingin, de búsáhöld : vaisselle (au sens large, ustensiles de cuisine compris), et bylting : révolution. A quoi tient l'histoire, en effet : c'est lorsque les Islandais ont commencé à manifester en faisant du bruit avec toutes sortes de couverts, assiettes, pots, etc., que d'une part ils se sont retrouvés en nombre, d'autre part ont senti que le gouvernement, jusqu'alors plein d'une morgue proportionnelle à son inefficacité, en menait de moins en moins large.
Traduire, comme le fait le journaliste du Times vers qui, via M. Defensa, j'ai mis un lien, Búsáhaldabyltingin par Household Revolution, est donc confondre les ustensiles de cuisine avec le ménage (au sens où l'on parle des dépenses des ménages). Première erreur, à laquelle s'ajoute celle de M. Defensa lui-même, qui remplace « ménage » par « ménagère », ce qui peut-être provoque un écho de certaines révolutions sud-américaines du passé, mais induit en erreur sur une révolution (le mot est d'ailleurs un peu fort, c'est juste un gouvernement qui tombe, pas, ou pas encore, un changement de régime) à laquelle toute la population a participé.
Voilà, vous savez tout. (Note ajoutée quelques heures plus tard, après consultation de ma spécialiste préférée).
Libellés : Brown, Chirac, D. Oddsson, Defensa, Ferré, Greenspan, Iran, Islande, Sarkozy, Tibéri
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