Tant qu'il y aura des Juifs...
(Méfiez-vous : sous ce sourire affable se cache une paire de burnes comme on n'en voit plus dans l'Université française depuis des décennies.)
...je ne pourrai travailler tranquillement. On essaie de réfléchir calmement sur Nicolas Sarkozy, et voilà que d'un côté E. Olmert - cela m'étonnait aussi qu'il soit d'accord avec moi -, de l'autre D. M'Bala M'Bala, font encore des leurs.
Concernant Israël, je n'éprouve guère le besoin de me répéter. Rien ne change de toute manière, sauf, en pire, pour les gens qui vivent à Gaza.
Concernant Dieudonné... il est difficile de dire à quel point il a eu conscience de ce qu'il faisait (la vidéo du spectacle, disponible ici, n'est de plus pas très audible), et je n'essaierai pas de le deviner (on peut même lui donner un petit crédit pour ce qui serait de la légèreté, pour ce qui serait une volonté de ne pas trop réfléchir aux conséquences : "au point où j'en suis...").
Ce qui me gêne le plus dans cette histoire, ou plutôt ce qui m'attriste, ce n'est pas tellement ce qu'a pu vouloir dire ou faire Dieudonné, d'autant qu'il y a un côté très mécanique à tout cela (Dieudonné appuie là où ça peut faire le plus mal, la machine moralisatrice et judiciaire se met en marche comme un seul homme), c'est - je vais passer pour un obsédé du sarkozysme - que finalement, le seul à qui cela rende vraiment service est Nicolas Sarkozy. Bouquinant un peu sur les Etats-Unis en ce moment, il m'a été difficile de ne pas penser, devant cette alliance tout de même hétéroclite Dieudonné-Le Pen-Faurisson (il faut semble-t-il le rappeler : les deux derniers nommés sont de farouches colonialistes. Pour Jean-Marie Le Pen, c'est connu ; pour Robert Faurisson, j'ai lu certains de ses textes, vous pouvez me croire - et ce n'est pas ses alliances avec des fanatiques qui se veulent musulmans et anti-impérialistes qui vont y changer quoi que ce soit), il m'a été difficile de ne pas penser, disais-je, aux mouvements politiques américains des années 60 : je ne les idéalise pas plus que ça, mais il se trouve que lorsque Noirs et Juifs étaient alliés contre le pouvoir WASP, non seulement ils ont fait bouger certaines choses, mais ils étaient plus universalistes et moins communautaristes qu'ils ne le sont depuis devenus : voir Dieudonné brûler ainsi les ponts en compagnie de gens dont il n'est pas secret que certains d'entre eux carburent avant tout à la haine, c'est le voir donner du grain à moudre aux communautaristes de tous bords, noirs, sionistes, juifs-de-bonne-volonté, blancs, arabes, etc.
Et, j'en reviens à mon sujet fétiche de ces vacances, ce qui peut faire le plus pour faire durer le sarkozysme, c'est la division des Français. On en a eu une preuve a contrario lors de la contestation anti-CPE, quand sur quelques manifestations les « jeunes des banlieues » avaient rejoint les « petits blancs étudiants », et que toute la classe politique avait fait dans son froc. Je le préciserai plus dans ma prochaine livraison, si Olmert et Dieudonné veulent bien fermer leur grande gueule pendant quelques heures. - Quoi qu'il en soit, communautarisme et division, c'est, fondamentalement, la même chose. En n'hésitant donc pas à dire que, si nous pensons à toutes les indignations vertueuses qui vont lui tomber sur le paletot dans les prochains jours, une part de nous-même soutient moralement Dieudonné, nous concluerons donc, avec une autre part de nous-même, que la connerie est un tort pour tout le monde, et qu'il est regrettable, lorsqu'on se veut officiellement républicain et anti-esclavagiste, de finir par servir la soupe à Nicolas Sarkozy, « ami d'Israël », communautariste de première et homme du discours de Dakar sur « l'homme africain », via Robert Faurisson.
Tant qu'on y est :
- je reçois périodiquement la « news-letter » d'un vieux lecteur (?)-blogueur, M. Nebo. Celui-ci a mis en ligne de regrettables passages de Tristes tropiques, où C. Lévi-Strauss, qui a par ailleurs reconnu qu'il n'y connaissait pas grand-chose, s'aventure dans des généralités sur l'Islam que le redoutable polémiste qu'il pouvait être à l'occasion aurait désintégrées s'il s'était agi d'un discours du même (bas) niveau sur les cultures primitives. Depuis ma lecture de Tristes tropiques j'hésite à évoquer ces chapitres, ne souhaitant ni les passer sous silence ni jouer les Zorro à tout bout de champ - surtout rapport à une oeuvre dont ils ne sont certes pas le centre. Puisque M. Nebo (qui, lui, bande comme un cerf pour tout ce qui est anti-Islam) vous les fournit, je vous les signale (je n'ai pas vérifié la qualité de la retranscription), vous jugerez vous-même ;
- un peu d'humour pour finir : à qui l'ignore, je ne peux que fermement conseiller la lecture régulière du blog de M. I. Rioufol : dans l'époque désordonnée qui est la nôtre, et vu l'état de décomposition avancée du cerveau de l'intéressé, il peut arriver que par hasard il ait raison sur tel ou tel point. Mais en général, il repousse avec une belle bravoure les limites de l'absurdité et de la bêtise, et cela est presque rafraîchissant (voilà, malheureusement, le genre d'enculistes à qui Dieudonné vient de rendre service). Bonne lecture !
En voilà un qui a une époque a vraiment brûlé les ponts - et au nom des Vietnamiens, s'il vous plaît !
Libellés : Communautarisme, Dieudonné, Faurrisson, Lévi-Strauss, M. Ali, Nebo, Olmert, Pappé, Rioufol, Sarkozy, Sionisme
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