Le politiquement correct c'est la mort, le politiquement correct, c'est le suicide collectif.
(Même de ceux qui n'ont pas de pulsion suicidaire !)
"L’un des caractères dominants de ce qu’on nomme, avec une grandiloquence qui, aujourd’hui, sonne faux, l’Occident, c’est-à-dire principalement l’Europe et ses prolongements extra-européens, en particulier ce repiquage grandiose, l’Amérique, l’un des caractères dominants de cette culture, ou de cette succession de cultures, est d’avoir assumé, pour le meilleur et pour le pire, la vérité comme valeur. Entre l’intérieur et l’extérieur, entre la discipline de l’intellect, et l’efficacité des actes, qui s’est traduite effectivement par une hégémonie mondiale (elle n’est pas ou pas encore aujourd’hui disparue), la valeur vérité a été et reste le moyen terme. Les deux sésames ouvre-toi des temps modernes en Europe : l’inscription baconienne : on ne commande à la nature qu’en lui obéissant, et la maxime de hobbes : scientia propter potentiam, la science pour la puissance, ont des effets identiques : transformation du monde sans précédent, décuplement de la puissance propre de l’intellect, qui, de plus en plus clairement, s’éprouve et se situe lui-même comme le siège de la puissance. Les sociétés les plus développées aujourd’hui ne se conçoivent seulement pas sans un ordre, un état comparable au clergé de notre ancien régime, le scientific estate, la science organisée, dans ses universités, ses instituts de recherche, ses « grandes écoles ». Et ce qu’on nomme aujourd’hui développement est fonction de cette « science organisée ». Organisation du savoir et sociétés développées réciproquement sont fonction l’une de l’autre. La dépendance mutuelle des deux paramètres est rigoureuse. Or, c’est le service constant, continu, opiniâtre, humble et multiforme de la valeur vérité, qui a conduit là. Nous devons à cette puissance de la vérité dans les sociétés occidentales une inextinguible volonté de perception de tous les faits et de mise en question de toutes les idées. Et ceci n’explique pas seulement le succès historique de l’Occident, mais sert à en définir l’essence même. Lorsque l’observateur ne pourra plus enregistrer un tel fait psychologique, ou sociologique (ce sont deux manières d’enregistrer), cette culture aura vécu. Ce n’est pas de notre part un jugement négatif - il est d’autres cultures, d’autres possibilités humaines, d’autres espoirs - c’est la simple considération d’une éventualité : lorsqu’il sera irrémissiblement acquis que La Vérité n’est plus maîtresse, il s’agira d’autre chose que de cette culture occidentale."
Jules Monnerot, 1970.
"L’un des caractères dominants de ce qu’on nomme, avec une grandiloquence qui, aujourd’hui, sonne faux, l’Occident, c’est-à-dire principalement l’Europe et ses prolongements extra-européens, en particulier ce repiquage grandiose, l’Amérique, l’un des caractères dominants de cette culture, ou de cette succession de cultures, est d’avoir assumé, pour le meilleur et pour le pire, la vérité comme valeur. Entre l’intérieur et l’extérieur, entre la discipline de l’intellect, et l’efficacité des actes, qui s’est traduite effectivement par une hégémonie mondiale (elle n’est pas ou pas encore aujourd’hui disparue), la valeur vérité a été et reste le moyen terme. Les deux sésames ouvre-toi des temps modernes en Europe : l’inscription baconienne : on ne commande à la nature qu’en lui obéissant, et la maxime de hobbes : scientia propter potentiam, la science pour la puissance, ont des effets identiques : transformation du monde sans précédent, décuplement de la puissance propre de l’intellect, qui, de plus en plus clairement, s’éprouve et se situe lui-même comme le siège de la puissance. Les sociétés les plus développées aujourd’hui ne se conçoivent seulement pas sans un ordre, un état comparable au clergé de notre ancien régime, le scientific estate, la science organisée, dans ses universités, ses instituts de recherche, ses « grandes écoles ». Et ce qu’on nomme aujourd’hui développement est fonction de cette « science organisée ». Organisation du savoir et sociétés développées réciproquement sont fonction l’une de l’autre. La dépendance mutuelle des deux paramètres est rigoureuse. Or, c’est le service constant, continu, opiniâtre, humble et multiforme de la valeur vérité, qui a conduit là. Nous devons à cette puissance de la vérité dans les sociétés occidentales une inextinguible volonté de perception de tous les faits et de mise en question de toutes les idées. Et ceci n’explique pas seulement le succès historique de l’Occident, mais sert à en définir l’essence même. Lorsque l’observateur ne pourra plus enregistrer un tel fait psychologique, ou sociologique (ce sont deux manières d’enregistrer), cette culture aura vécu. Ce n’est pas de notre part un jugement négatif - il est d’autres cultures, d’autres possibilités humaines, d’autres espoirs - c’est la simple considération d’une éventualité : lorsqu’il sera irrémissiblement acquis que La Vérité n’est plus maîtresse, il s’agira d’autre chose que de cette culture occidentale."
Jules Monnerot, 1970.
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