jeudi 20 septembre 2018

La France et l'amour courtois...

On feuillette le Chesterton qu’on a oublié dans son sac depuis la dernière fois que l’on a cité ce grand homme, et on a le bonheur de tomber sur ces lignes : 

"La nationalité est une chose qui existe et qui n’a rien à voir avec la race. La nationalité est comme une Église ou une société secrète, c’est un produit de l’âme humaine, de la volonté humaine ; c’est un produit spirituel. Et il y a des gens, dans le monde moderne, qui préfèreraient croire et faire n’importe quoi plutôt que d’admettre qu’une chose pût être un produit spirituel. 

Toutefois une nation, telle qu’elle se présente au monde, est un produit purement spirituel. Parfois elle naît dans l’indépendance, comme l’Écosse, parfois dans la servitude et sous le joug comme l’Irlande. Parfois c’est une grande chose due à la cohésion d’un grand nombre de petites choses comme l’Italie ; parfois c’est une petite chose qui se détache d’une grande comme la Pologne. Mais, dans tous les cas, sa qualité est purement spirituelle ou, si l’on veut, purement psychologique. C’est une minute où cinq hommes en deviennent un sixième. Quiconque a fondé un club connaît ce phénomène. C’est le moment où cinq endroits différents en font un seul. Quiconque a jamais eu à repousser une invasion le comprendra. M. Timothy Healy, l’intelligence la plus sûre de la Chambre des Communes actuelle, a donné une définition parfaite de la nationalité en l’appelant simplement une chose pour laquelle les hommes sont prêts à mourir. Il l’a dit excellemment dans sa réponse à lord Hugh Cecil : « Personne, pas même le noble lord, ne voudrait mourir pour le méridien de Greenwich. » Et c’est bien là une consécration de son caractère purement psychologique. Il serait superflu de se demander pourquoi Greenwich n’opère pas cette cohésion spirituelle comme le firent Athènes ou Sparte. C’est comme si on demandait pourquoi un homme tombe amoureux d’une femme et non d’une autre."

L’UE ne veut plus que nous acceptions de mourir pour la France, mais elle nous demande de nous suicider en tant que Français (Italiens, Polonais, etc.) pour l’UE - pour le méridien de Greenwich. La question qu’il reste à poser, pour continuer à filer les métaphores de G.K., est toute simple : sommes-nous encore capables de tomber amoureux ? 



(Idée que je note derechef : la généralisation de l’avortement (sous toutes ses formes, incluant les formes contraceptives) rendrait impuissant. Comme si l’inconscient en venait à estimer qu’éjaculer n’avait plus la moindre importance.)