Tout contre.
Dans le livre de P. Boutang sur La Fontaine se trouve une analyse aiguë du Meunier, son fils et l'âne. La parcourant à la recherche d'une citation, j'y trouve une délectable incise, liée à la rencontre fort animée des deux (ou trois, avec l’âne) protagonistes principaux avec les « trois filles » :
"Passez votre chemin, la Fille, et m'en croyez.
- Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,
L'homme crut avoir tort et mit son fils en croupe."
Trois vers lapidaires pour rendre compte d’une longue dispute, que Pierre Boutang glose ainsi :
"A l’usure toutefois, elles l’avaient eu. « L'homme crut avoir tort et mit son fils en croupe. » Les révolutions utilisent cette puissance féminine de mettre dans son tort par la répétition, et en 1789 la pression des femmes était si croyable et rentable que les émeutes multiplièrent les déguisements d’hommes sous le vêtement féminin."
J’ignorais ce fait historique ; pour ce qui est de la puissance d’érosion de la complainte féminine, elle est par exemple présente dans l’épisode biblique de Samson et Dalila (il est plus facile pour le héros de se sacrifier que de se laisser casser les couilles par le femme qu’il aime), elle est de nos jours flagrante sur Twitter - avec bien sûr d’autant plus de violence que les femmes (ou ceux qui multiplient les déguisements d’hommes sous le vêtement féminin) se croient beaucoup plus victimes qu’elles ne le sont en réalité. J’allais écrire : que cela puisse finalement déboucher, à terme, sur une situation où elles deviendront bien plus victimes qu'elles ne le sont aujourd'hui, est une autre histoire ; mais non, justement, comme dirait Musil, c’est « toujours la même histoire ». Avec des dénouements plus ou moins tragiques.
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