Une trahison, sinon rien !
1793 :
"L’insurrection de territoires entiers de la République, ses revers aux frontières s’interpénètrent et s’additionnent. Aux yeux des révolutionnaires, les ennemis de l’intérieur et ceux de l’extérieur ont un seul et même visage. Les Vendéens, Pitt et Cobourg ; les rebelles, le gouvernement anglais et l’armée autrichienne ne font qu’un. Comment, au coeur de cette équation, expliquer et dépasser tout à la fois la défaite ? Comment sortir de l’impasse politique dans laquelle s’engouffre peu à peu la Révolution ? C’est là que le fantasme de la trahison prend tout son sens. Il aura la vie dure. On le verra réapparaître à chacune des grandes crises de notre histoire, en 1814, en 1815 après la défaite de Waterloo, en 1870, en 1940. Non seulement la trahison suffit à tout, explique tout, mais elle devient une nécessité absolue de la dynamique révolutionnaire. Pas de Révolution sans Contre-Révolution, que cette dernière ait véritablement existé ou qu’elle ait été déformée, manipulée, amplifiée à l’infini. Il faut se souvenir du discours prononcé par le Girondin Brissot à la tribune des Jacobins dès le mois de décembre 1791 : « Je l’avouerai, Messieurs, je n’ai qu’une crainte, c’est ce que nous ne soyons pas trahis. Nous avons besoin de grandes trahisons ! »"
E. de Waresquiel. Mais la citation du jour en tant que telle, vous l’aurez compris, c’est l’aveu de Brissot…
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