dimanche 2 décembre 2018

Le mariage de Jean Richepin, par Léon Bloy.



"Il venait de publier son premier livre, la Chanson des gueux, oeuvre de violent effort et d’imitation compliquée qui fit croire un instant à la plus puissante originalité poétique. Mais il ne recommença pas. Il n’avait absolument que cette note de crapaud dans le gosier et l’étalon superbe de la Renommée, pour avoir une seule fois sailli cette vieille jument à trompettes, fut éreinté du coup et vint s’atteler humblement à la charrette nocturne du journalisme. 

La prétention la plus affichée de ce Richepin était alors de prolonger Villon et de renouveler la tradition des puissants goinfres dont Rabelais fut le prophète. Cette extrême nouveauté fit l’effet d’un coup de soleil du génie sur les têtes jeunes et le poète radieux, envahi d’un besoin subit de dénouement, se maria pour n’être pas seul à porter une aussi grande lyre. 

Il se maria et devint sot romancier. Triste fin !"