"Une espèce de socialisme d’État, forme démocratique de la dictature..."
Le crétin des Alpes qui vous sert de tenancier pensait poursuivre avec un extrait du livre d’E. de Waresquiel sur le peintre David, en écho à la livraison d’hier, mais il n’a pas été capable de retrouver le livre en question… Je ne vais pas vous laisser en rade, je vous rassure :
"Si nous pensions que [l]e système est capable de se réformer, qu’il peut rompre de lui-même le cours de sa fatale évolution vers la Dictature - la Dictature de l’argent, de la race, de la classe ou de la Nation - nous nous refuserions certainement à courir le risque d’une explosion capable de détruire des choses précieuses qui ne se reconstruiront qu’avec beaucoup de temps, de persévérance, de désintéressement et d’amour. Mais le système ne changera pas le cours de son évolution, pour la bonne raison qu’il n’évolue déjà plus ; il s’organise seulement en vue de durer encore un moment, de survivre. Loin de prétendre résoudre ses propres contradictions, d’ailleurs probablement insolubles, il paraît de plus en plus disposé à les imposer par la force, grâce à une réglementation chaque jour plus minutieuse et plus stricte des activités particulières, faite au nom d’une espèce de socialisme d’État, forme démocratique de la dictature. Chaque jour, en effet, nous apporte la preuve que la période idéologique est depuis longtemps dépassée, à New York comme à Moscou ou à Londres. Nous voyons la Démocratie impériale anglaise, la Démocratie ploutocratique américaine et l’Empire marxiste des Dominions soviétiques sinon marcher main dans la main - il s’en faut ! - du moins poursuivre le même but, c’est-à-dire maintenir coûte que coûte, fût-ce en ayant l’air de le combattre, le système à l’intérieur duquel ils ont tous acquis richesse et puissance. Car, à la fin du compte, la Russie n’a pas moins tiré profit du système capitaliste que l’Amérique ou l’Angleterre ; elle y a joué le rôle classique du parlementaire qui fait fortune dans l’opposition."
Bernanos, La France contre les robots, publié en 1947. Une autre, je me méfie de moi-même et crains de l’oublier :
"Oh ! certes, nous souhaitons autant que personne l’union des Français ; je ne voudrais pas la retarder d’un jour, d’une heure. Mais il y a quelque chose de plus précieux que l’union, ce sont les principes au nom desquels on s’unit."
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