mardi 18 septembre 2018

L'usurpation du destin sur la Providence.

Ai-je fini le livre de Boutang, La Fontaine politique, commencé il y a un an ? Non. Est-ce que cela doit m’empêcher de vous en citer un nouvel extrait ? Non plus. (La Galatée dont il va être question est un opéra inachevé de l’auteur des Fables.)

"Croyant sans faille en la Providence, La Fontaine a combattu vivement l’astrologie dont les retours et la puissance démentent le poncif de la « rationalité » du Grand Siècle  ; et ce n’est ni à partir de Descartes, ni de Gassendi, ni d’Épicure que la bataille peut être menée ; ni d’Aristote d’ailleurs, chez qui les corps célestes ont un rôle médiateur pouvant fonder une astrologie. La relative indulgence de saint Thomas vient de là, on le sait. H. Busson a rappelé, dans son livre La religion des classiques que les escarmouches de « Galatée » contre l’usurpation du destin sur la Providence sont de 1674, huit ans avant l’édit expulsant du royaume « toutes les personnes se mêlant de deviner, et se disant devins ou devineresses ». (En notre âge de lumière, la liberté de la presse profite essentiellement à l’horoscope quotidien et aux pronostics du tiercé [On ajoutera les paris sportifs et les prévisions des économistes, note de AMG]). La fable de « L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits » (…) établit, en logique sans figures, qu’il n’est de « livre du destin » que comme « hasard et providence » ; et du hasard point de science proprement dite. (…) Du cours des astres et des mouvements célestes, nulle conséquence ne se tire sans impiété, que celle de la bonté de Dieu et la fécondité de la nature. Donc, « Charlatans, faiseurs d’horoscope, / Quittez les cours des Princes de l’Europe. »" 


Foutredieu, plus de trois siècles après, ils sont toujours là. Les Princes, en revanche…