"Dans l'atmosphère actuelle de telles chicanes ne sauraient surprendre."
"Le diable a déjà séduit une moitié du monde, l'Orient, par la pitié bouddhique. Il veut maintenant en séduire l'autre, l'Occident. Il veut tuer Dieu, qui est amour, par la pitié." (D. Mérejkovsky, Atlantide-Europe, L'Âge d'Homme, 1995 [1930], p. 73)
Rome est-elle encore dans Rome...
Avec Miguel Serrano, immortel auteur de Adolf Hitler, le dernier avatar... En voici - en anglais, mais c'est ce que j'ai trouvé de plus synthétique -
une brève présentation :
"Serrano means that Hitler is the Tenth Avatar of Vishnu, the Kalki Avatar, who has incarnated to bring about the end of the Kali Yuga and usher in a New Age. In the terminology of Buddhism, Hitler is a Tulku or a Bodhisattva, who having previously emancipated himself from bondage to the circles of this world has taken on voluntary birth for the sake of mankind. Therefore he is beyond criticism.
Serrano believes that Hitler himself is still alive, having escaped from the ruins of Berlin in one of the Nazi disc-planes, and is continuing to direct an Esoteric War from the safety of a secret realm at the South Pole. The background to this scenario involves, once again, the legendary land of Hyperborea and its fabulous inhabitants (...). According to Serrano, the Hyperboreans were originally from beyond our galaxy, arriving on Earth in remote antiquity.
Their existence has been suppressed by a monumental conspiracy, which also seeks to misrepresent them as physical 'aliens'; in fact, we only perceive them as 'flying saucers' because we lack the perception to see them as they really are. They founded the First Hyperborea here on Earth, a realm that was not composed of mundane matter but which extended beyond the physical plane of existence created and controlled by the Demiurge, an inferior god whose first experiments in the creation of intelligent life resulted in Neanderthal Man.
The Demiurge instituted a cosmic regime by which all creatures would take the Way of the Ancestors - in other words, they would be reincarnated on Earth indefinitely. This was unacceptable to the Hyperboreans who preferred to take the Way of the Gods, only being reincarnated if they chose. The Hyperboreans possessed the power of Vril (...), which they wielded in their battles with the mechanistic Demiurge. The war between the Hyperboreans and the Demiurge resulted in the founding of a Second Hyperborea at the North Pole, taking the form of a physical, circular continent from which the Hyperboreans began to organize the spiritualization of the Earth. This would be achieved through the instilling of a single particle of immortality in the Neanderthals and other proto-humans, which would raise them out of their semi-animal state.
The Hyperboreans' plans seemed to be going well enough, until they made the mistake of having sexual intercourse with the creations of the Demiurge. This miscegenation was associated with a catastrophic cometary impact that caused the North and South Poles to change position. From that moment on, the Earth became 'the battleground between the Demiurge and the Hyperboreans, the latter always in danger of diluting their blood'."
Avec les relations sexuelles et le problème de la pureté du sang apparaît la question juive, à la fin de la guerre Hitler, donc, est sauvé par ses copains extra-terrestres et caché quelque part entre l'Antarctique et, tiens tiens, le Tibet
- ce qu'on s'amuse...
Les plus curieux pourront explorer le sujet, ou se contenter d'une présentation plus positive de Miguel Serrano, telle qu'on la trouve chez Voxnr, ce site à la fois Vieille France, proche de Soral, anti-sioniste documenté... et complètement fada-païen-aryen-indo-européen-blabla.
(Au passage, une photographie trouvée en cherchant des images de M. Dalaï, la fameuse Mme Blavatsky, bien connue des lecteurs de Guénon et Muray, grande figure de tous ces mouvements dits « ésotériques » :
Câline et taquine, toujours jolie...)
Les « événements » actuels au Tibet ne peuvent d'ailleurs, pour quelqu'un d'un peu sincère et informé, qu'amener des dilemmes cornéliens, certains des soutiens politiques actuels du Dalaï-Lama gênant nécessairement un anti-impérialiste conséquent.
Quant au bouddhisme, dans tout cela, je ne sais pas où il est - ce qui est normal, il ne doit pas être dans le coin, et en plus, je n'y connais rien.
Quittons maintenant toute cette mélasse géo-politique, conceptuelle et « ésotérique », pour un peu de rafraichissante apologétique chrétienne, s'il vous plaît :
"Et tandis que je me retourne et bute contre ces livres modernes - ces livres habiles, merveilleux, ennuyeux, inutiles - l'un d'eux attire mon regard. Il a pour titre Jeanne d'Arc et il est d'Anatole France. Je n'y ai jeté qu'un coup d'oeil mais ce coup d'oeil m'a suffi pour me rappeler la Vie de Jésus de Renan. On y retrouve cette même étrange méthode du sceptique respectueux. Il discrédite les histoires surnaturelles qui ont quelque fondement, en racontant des histoires naturelles qui n'en ont pas. Sous prétexte que nous ne pouvons croire à ce qu'un saint a fait, nous prétendons savoir parfaitement ce qu'il a ressenti. Ce n'est pas pour les critiquer que je cite ces livres mais parce l'association fortuite des noms a évoqué deux images saisissantes de santé d'esprit qui renvoient dans l'ombre tous les livres empilés devant moi. Jeanne d'Arc ne resta pas figée à la croisée des chemins, soit pour les avoir tous refusés, comme Tolstoï, soit pour les avoir tous acceptés comme Nietzsche. Elle a choisi une voie et l'a parcourue telle la foudre. Pourtant, j'ai constaté que Jeanne avait en elle tout ce qui était authentique aussi bien en Tosltoï, la joie que lui inspiraient les choses simples ; en particulier l'humble pitié, les réalités de la terre, le respect des pauvres, la dignité d'un dos courbé. Jeanne d'Arc avait tout cela et quelque chose de plus : elle supportait la pauvreté autant qu'elle l'admirait, tandis que Tolstoï, typiquement aristocrate, s'efforçait d'en découvrir le secret. Puis j'ai songé à ce qu'il y avait de courage, de fierté, de pathétique dans ce pauvre Nietzsche, à sa révolte contre la vacuité et la pusillanimité de notre époque. J'ai pensé à son appel à l'équilibre extatique du danger, à sa nostalgie des galops des grands chevaux, à son appel aux armes. Jeanne d'Arc avait tout cela et encore quelque chose de plus : elle n'exaltait pas le combat, elle combattait. Nous savons qu'elle n'avait pas peur d'une armée, alors que Nietzsche, pour autant que nous le sachions, avait peur d'une vache. Tolstoï se contentait de célébrer le paysan ; elle était une paysanne. Nietzsche se contentait de célébrer le guerrier ; elle était une guerrière. Elle les a battus tous les deux sur leur propre terrain, celui de leurs idéaux, plus noble que l'un, plus violente que l'autre. C'était aussi une femme pratique et efficace, tandis que nos deux extravagants spéculateurs, eux, ne font rien. Il était impossible que ne me vînt à l'esprit la pensée que Jeanne avec sa Foi détenait, peut-être, un secret d'unité et d'utilité morales, maintenant perdu.
Une autre pensée, plus haute, a suivi. La figure colossale de Son Maître a traversé le champ de mes réflexions. Les mêmes nuées du modernisme qui assombrissent le récit d'Anatole France assombrissent aussi celui d'Ernest Renan. Renan a séparé, lui aussi, la pitié de son Héros de sa combativité. Il a été jusqu'à voir dans la juste colère de Jésus à Jérusalem une simple dépression nerveuse due à la déception de voir trahies les espérances idylliques nées en Galilée. Comme s'il y avait une incompatibilité entre aimer l'humanité et haïr l'inhumanité. Les altruistes, de leurs voix débiles et grêles, dénoncent l'égoïsme du Christ. Les égoïstes, de leurs voix plus grêles et plus débiles encore, dénoncent Son altruisme. Dans l'atmosphère actuelle de telles chicanes ne sauraient surprendre. L'amour d'un héros est plus terrible que la haine d'un tyran. La haine d'un héros est plus généreuse que l'amour d'un philanthrope.
- Heil Corneille !
Il y a un immense, un héroïque équilibre d'esprit dont les modernes ne peuvent que recueillir les fragments. Il y a un géant dont nous voyons seulement les bras et les jambes tronquées s'agiter. Ils ont déchiré l'âme du Christ en lambeaux sans âme, étiqueté égoïsme et altruisme, et ils restent déconcertés devant Sa folle Magnificence et Sa folle Douceur. Ils se sont partagé ses vêtements et ils ont tiré au sort les morceaux de son manteau. Pourtant la tunique était sans couture, d'un même tissu du haut en bas." (G. K. Chesterton, Orthodoxie, Gallimard, 1984 [1908], pp. 64-67, trad. légèrement modifiée.)
(Chez (ce vieux cochon de) Bresson, elle est de surcroît bandante, cela ne gâte rien.)
Pas mal, non ? - Pour le reste, il faut me croire sur parole quand je vous dis que c'est pure coïncidence si je publie cet agencement de photographies et de citations le 1er mai, alors que dans quelques heures vont défiler sous la bannière de Jeanne aussi bien des chrétiens traditionnalistes (parfois antisémites) que des crypto-bouddhistes (parfois antisémites). Ach, laissons le mot de la fin à Foucault (Jean-Pierre, pas Michel) : "Le monde est fou !"
- Ils ont raison, mieux vaut en rire...
Libellés : A. France, Blavatsky, Bresson, Bush, Chesterton, Corneille, Dalaï-Lama, Guénon, Hitler, Jean-Paul II, Jeanne d'Arc, Mérejkovsky, Muray, Nietzsche, Pavarotti, Renan, Serrano, Soral, Tolstoï, Voxnr
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