La puissance et l'invincibilité. - Rien de nouveau sous le soleil...
Lors des excellents passages qu'il consacre au régime de Vichy, notre ami Lucien déplore que le Maréchal soit si mal entouré, et notamment qu'il soit obligé de faire appel à ceux-là mêmes qui sont d'une façon ou d'une autre responsable de la défaite. Vous allez vite comprendre dans quel esprit je retranscris ces brèves sentences :
"Au moment où plus rien ne devait être conservé, on voyait reparaître tous les conservateurs.
Et parmi ceux-ci s'étaient aussitôt poussés aux premiers rangs les représentants des castes les plus imbues d'une supériorité illusoire, les plus enfermées dans des abstractions fallacieuses : l'inspection des Finances, Polytechnique, le Conseil d'État.
Le plus grave était encore qu'aussitôt en place, se serrant les coudes, ils avaient opposé un impitoyable barrage à tous ceux qui n'étaient point à leur stricte ressemblance et eussent pu dans quelque mesure corriger leurs sottises. Ils peuplaient leurs services de leurs créatures, amis et connaissances, remettant tous les postes de l'État nouveau à des aveugles et des incapables satisfaits.
Ces gens-là ne pouvaient prendre parti contre l'Angleterre. Il leur eût fallu se renier eux-mêmes avec un courage et une clairvoyance dont je me demande où ils auraient puisé le secret. Ils tenaient à l'Angleterre par leur pseudo-libéralisme, par leur culte atavique des forces de l'argent. Le cynisme et la brutalité de la finance anglaise, régnant en soudoyant les riches, en maintenant les faibles dans une misère sordide, étaient aussi leurs méthodes favorites. Cet énorme empire édifié à coups de chèques, sur des fictions monétaires et des privilèges insolents, représentait à leurs yeux la plus parfaite image de la puissance et de l'invincibilité. Pour eux, sa chute se traduisait par l'engloutissement de leurs beaux comptes en sterlings et l'écroulement de leur orthodoxie d'économistes. Ruine des portefeuilles, ruine des théories : la fin de notre planète n'aurait pas été plus effrayante à leurs yeux. Avec l'Angleterre, ce serait leur univers entier qui disparaîtrait." (Les décombres, VI, 26)
Le pire étant que le pamphlétaire ici n'exagère même pas...
"Au moment où plus rien ne devait être conservé, on voyait reparaître tous les conservateurs.
Et parmi ceux-ci s'étaient aussitôt poussés aux premiers rangs les représentants des castes les plus imbues d'une supériorité illusoire, les plus enfermées dans des abstractions fallacieuses : l'inspection des Finances, Polytechnique, le Conseil d'État.
Le plus grave était encore qu'aussitôt en place, se serrant les coudes, ils avaient opposé un impitoyable barrage à tous ceux qui n'étaient point à leur stricte ressemblance et eussent pu dans quelque mesure corriger leurs sottises. Ils peuplaient leurs services de leurs créatures, amis et connaissances, remettant tous les postes de l'État nouveau à des aveugles et des incapables satisfaits.
Ces gens-là ne pouvaient prendre parti contre l'Angleterre. Il leur eût fallu se renier eux-mêmes avec un courage et une clairvoyance dont je me demande où ils auraient puisé le secret. Ils tenaient à l'Angleterre par leur pseudo-libéralisme, par leur culte atavique des forces de l'argent. Le cynisme et la brutalité de la finance anglaise, régnant en soudoyant les riches, en maintenant les faibles dans une misère sordide, étaient aussi leurs méthodes favorites. Cet énorme empire édifié à coups de chèques, sur des fictions monétaires et des privilèges insolents, représentait à leurs yeux la plus parfaite image de la puissance et de l'invincibilité. Pour eux, sa chute se traduisait par l'engloutissement de leurs beaux comptes en sterlings et l'écroulement de leur orthodoxie d'économistes. Ruine des portefeuilles, ruine des théories : la fin de notre planète n'aurait pas été plus effrayante à leurs yeux. Avec l'Angleterre, ce serait leur univers entier qui disparaîtrait." (Les décombres, VI, 26)
Le pire étant que le pamphlétaire ici n'exagère même pas...
Libellés : 9/11 financier, Apocalypse, Ecclésiaste, Enculisme, Pétain, Rebatet
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