"Une odeur de cadavre" (Mon point dans ton cul...)
"Une des choses les plus dangereuses : l'idéalisme. Toujours l'idéalisme sans clarté, qui est un besoin de mouvement diffus de l'âme et qui est excité avec des noms : Goethe, Shakespeare, la patrie, la santé du peuple, etc. Une censure raisonnable ne devrait pas soumettre les écrits immoraux, mais les écrits moraux, à une surveillance stricte. Parler de ses idéaux est un privilège qui ne devrait pas être reconnu à n'importe quelle mère de cinq enfants. Tout ce qui est nécessaire n'est pas un idéal. Patriotisme, rigueur, honnêteté, vertu sont dans l'ensemble nécessaires, mais ils doivent être durs et muets comme une pierre, sans quoi ils répandent une odeur de cadavre. A mon avis, la vertu d'un écrivain comme Hesse est un cadavre de cette sorte, et la vertu vivante n'est pas moins compliquée et incompréhensible qu'une perversité."
(Robert Musil, cité par Jacques Bouveresse, La connaissance de l'écrivain. Sur la littérature, la vérité et la vie, Agone, 2008, p. 137)
"On peut remarquer, à ce propos, qu'un des reproches principaux que Karl Kraus adresse à la presse est précisément d'avoir tué l'imagination, et, du même coup, la sensibilité, ce qui a rendu possibles des catastrophes, qui pouvaient sembler à première vue inconcevables, comme celles de la première Guerre mondiale, pour ne rien dire de celles qui ont suivi. Kraus qualifie les meurtriers de l'imagination de meurtriers de l'humanité elle-même." (J. Bouveresse, ibid., p. 166)
Libellés : Bouveresse, Hesse, Kraus, Le Point, Musil
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