"Gardons-nous bien..."
"Gardons-nous bien aussi, mes filles, de certaines humilités que nous suggère le démon. Il nous jette dans les plus vives inquiétudes en nous représentant la gravité de nos péchés. C’est là un des points sur lesquels il trouble les âmes de beaucoup de manières. Il va jusqu’à les éloigner de la Communion et à les empêcher en particulier de faire oraison, sous prétexte qu’elles en sont indignes. S’approchent-elles de la sainte Communion, elles se demandent si elles se sont bien préparées ou non, et ainsi elles perdent le temps qu’elles auraient dû employer à profiter de la grâce. Leur trouble arrive à tel point qu’elles s’imaginent parfois que leur indignité est cause d’un tel abandon de la part de Dieu ; elles doutent presque de sa miséricorde. Tout ce qu’elles font leur semble entouré de dangers ; toutes leurs bonnes oeuvres, si excellentes qu’elles soient, leur paraissent inutiles. Un tel découragement leur fait tomber les bras, elles se sentent impuissantes à accomplir aucun bien, parce qu’elles s’imaginent que tout ce qui est louable chez les autres est mauvais chez elles.
Considérez bien, mes filles, ce que je vais dire maintenant. Il peut très bien arriver que ce sentiment si profond de votre misère soit parfois un acte d’humilité, une vertu véritable ; mais parfois aussi ce peut être une très grave tentation. Je le sais, parce que je suis passée par là. L’humilité, si grande qu’elle soit, n’inquiète pas, ne trouble pas, n’agite pas l’âme, elle est accompagnée plutôt de paix, de joie et de repos. Sans doute la vue de sa misère lui montre clairement qu’elle a mérité l’enfer et la jette dans l’affliction ; il lui semble qu’en justice toutes les créatures doivent l’avoir en horreur ; elle n’ose pas pour ainsi dire demander miséricorde. Mais quand l’humilité est véritable, cette peine répand en l’âme une telle suavité et un tel contentement que l’âme ne voudrait pas en être privée ; elle ne trouble point l’âme et ne la resserre point ; elle la dilate, au contraire, et la rend plus apte au service de Dieu. Il n’en est pas ainsi de l’autre peine. Elle trouble tout, elle agite tout ; elle bouleverse complètement l’âme ; elle est remplie d’amertume. A mon avis, le démon voudrait nous faire que nous avons de l’humilité et, s’il le pouvait, nous amener en échange à perdre toute confiance en Dieu."
Deux sentences / principes en bonus :
"Ayez soin, au contraire, d’obéir coûte que coûte : car c’est en cela que consiste la plus grande perfection." (Il s’agit d’obéir à Dieu et à l’Église, dois-je préciser.)
"Ayez toujours soin, quelque élevée que soit votre contemplation, de commencer et d’achever votre oraison par la connaissance de vous-mêmes."
<< Home