vendredi 12 octobre 2018

"Confiance dans les liens de la parenté et les liens de la logique..."

Encore quelques extraits du texte de Chersterton : 

"Il est devenu nécessaire de nos jours de débiter ces banalités, car c’est seulement en le faisant qu’on peut obtenir un aperçu de la raison de l’existence de la famille (…). Ces choses étaient toutes familières pour nos père, qui avaient confiance dans les liens de la parenté et les liens de la logique. Aujourd’hui, notre logique consiste surtout en des chaînons manquants et notre famille est composée en grande partie de membres absents. (…)

La structure générale de la société actuellement existante, sujette à notre époque de culture industrielle à de très gros abus et à des problèmes douloureux, est néanmoins une structure normale [c’est précisément ce point que l’on s’efforce depuis l’époque de Chesterton de remettre en cause, note de AMG]. Il s’agit de l’idée que le bien de la société se fonde sur beaucoup de petits royaumes, dont l’homme et la femme deviennent le roi et la reine, et dans lesquels ils exercent une autorité raisonnable, soumise au bon sens de la communauté, jusqu’à ce que ceux dont ils ont le soin deviennent capables de fonder des royaumes semblables et d’exercer pareille autorité. Voilà la structure sociale du genre humain, bien plus ancienne que tous ses vestiges et plus universelle que toutes ses religions. Toute tentative de la modifier est du pur verbiage et de la niaiserie."

Suit un développement sur le fait qu’on est plus libre en famille que dans la société moderne, que ce soit dans l’organisation du travail ou dans celle des loisirs (suivre une mode, est-ce être libre ?). Passons à la conclusion : 

"Je me plains de la dérive antifamiliale en ce qu’elle est inintelligente. Les gens ne savent pas ce qu’ils sont en train de faire parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils sont en train de défaire. Il y a une foule d’événements modernes, du plus grand au plus petit, allant du divorce au pique-nique festif. Mais chacun d’entre eux est une fuite ou une évasion à part (…). Les gens devraient au contraire décider d’une manière philosophique s’ils désirent ou non l’ordre social traditionnel, et s’il y a une autre solution quelconque qui soit désirable. Actuellement ils traitent de la question publique uniquement comme une pagaille ou un pot-pourri de questions privées [nous en avons eu un cas d’école ces derniers jours avec l’histoire providentielle du méchant petit M.-O. Fogiel, devenu subitement gentil et adorable, son bonheur individuel autoproclamé étant censé servir d’argument en faveur d’une réforme politique de grande ampleur et aux conséquences potentiellement importantes, note de AMG]. Pourtant, en étant anti-domestiques, ils sont déjà trop domestiques dans leur analyse de la domesticité. Chaque famille considère uniquement son propre cas et ce qui en résulte est purement étroit et négatif. Chaque cas devient une exception à une règle qui n’existe pas. La famille, particulièrement dans un État moderne, requiert une rectification et une reconstruction considérables ; c’est d’ailleurs le cas de la plupart des choses dans l’État moderne [ce qui est logique, puisqu’il est là pour détruire ce qui n’est pas lui, note de qui vous savez]. Mais la demeure familiale devrait être préservée, ou détruite, ou reconstruite : il ne faut en tout cas pas la laisser tomber en ruines, morceau par morceau, sous le prétexte que personne n’aurait de perspective historique pour sa reconstruction."

Je fais l’impasse sur les dernières lignes. La situation a évidemment empiré depuis les 90 ans qui nous séparent de ce texte, mais l’avantage, si l’on peut dire, est que la démonstration en est devenue encore plus claire : c’est en préservant la famille que l’on peut s’attaquer à l’État. L’ambiguïté (cette possibilité est-elle logique et/ou pratique ?) de ma formule étant intentionnelle. 


A demain !