vendredi 2 novembre 2018

"Cela est clair, net et précis." Pierre Vidal-Naquet rend hommage à Robert Faurisson.

Faurissonner, faurissonner, pour empêcher qu’la Shoah nous tombe sur la tête, 
Faurissonner, faurissonner, pour empêcher la Shoah d’arriver…

(Henri Salvador). 



Les plus fidèles lecteurs de ce blog, Dieu les bénisse, savent que je ne suis pas négationniste pour un sou, ni très intéressé par ce thème, auquel je crois avoir consacré en tout et pour tout deux textes, nettement critiques. Mais comme je n’ai pas non plus un tempérament à « diaboliser » qui que ce soit - sauf le Diable lui-même, bien sûr ; mais à part lui, nous ne sommes tous, y compris A. Hitler, F. Haziza, E. Macron ou moi-même, que de pauvres pécheurs… -, je ne risquais pas de me joindre au choeur de faux culs qui a suivi la mort de Robert Faurisson. Le hasard - un rien aidé - ayant fait que je suis tombé sur un numéro des Annales d’histoire révisionniste, voici mon hommage personnel, mesuré mais réel, à l’un des esprits les plus haïs de notre temps. Ce qui n’est pas en soi une qualité, mais indique que peu de gens auraient voulu être à sa place.

Bref ! Comme indiqué dans le titre, il s’agit d’ailleurs plus d’un hommage de Pierre Vidal-Naquet que de votre serviteur. R. Faurisson disserte sur le journal d’Anne Frank, dont l’origine lui semble pour le moins douteuse : 

"Sur requête du tribunal (…), le laboratoire de la police fédérale, sis à Wiesbaden, entreprenait une analyse chimique de l’encre et du papier du manuscrit. Sa conclusion, publiée en 1980, laissait apparaître que des corrections avaient été apportées sur l’ensemble appelé “feuilles mobiles” : 

« à l’encre bleu-noir, rouge et au crayon, mais en partie aussi à l’encre de stylo à bille noire, verte et bleue. Les encres de stylo à bille de ce type ne sont apparues sur le marché que depuis l’année 1951. »

Le rapport d’expertise ajoutait : 

« On peut exclure avec certitude que les corrections effectuées à l’encre de stylo à bille sur les feuillets mobiles aient été apportées avant 1951. »

Une expertise d’écriture remontant à 1961 avait conclu que l’écriture de tout le manuscrit, y compris les ajouts et les corrections, étaient de la même main. Du rapprochement entre l’expertise chimique et l’expertise d’écriture, il fallait donc conclure que la personne qui avait rédigé le manuscrit du journal vivait encore dans les années 50 ; or, Anne était morte du typhus en mars 1945 au camp de Bergen-Belsen, peu après sa soeur Margot. 

En 1980, la version française de mon étude du Journal était publiée dans l’ouvrage de Serge Thion intitulé Vérité historique ou vérité politique ? Pierre Vidal-Naquet la commentait en ces termes : 

« Il arrive d’ailleurs à Faurisson d’avoir raison. J’ai dit publiquement et je répète ici que, lorsqu’il montre que le journal d’Anne Frank est un texte trafiqué, il n’a peut-être pas raison dans tous les détails, il a certainement raison en gros et une expertise du tribunal de Hambourg vient de montrer qu’effectivement ce texte avait été pour le moins remanié après la guerre, puisqu’utilisant des stylos à bille qui n’ont fait leur apparition qu’en 1951. Cela est clair, net et précis. »"


De là à tirer des conclusions d’ordre général, c’est autre chose, bien sûr. Au moins Vidal-Naquet et Faurisson, sur cet exemple précis, discutaient-ils faits, et non principes républicains ou religion sécularisée, ou pas de liberté pour les ennemis supposés de la liberté. Vidal-Naquet, pauvre pécheur, a écrit durant sa vie son lot de conneries, mais il ne cherchait pas, comme F. Haziza ou E. Macron, à faire ressembler la France à la Roumanie communiste.