"Des vérités aussi simples ne peuvent échapper à personne."
Joseph de Maistre en verve…
"Et qu’on ne vienne point nous dire : Je ne décide point entre Genève et Rome : il n’est pas si difficile de se décider. Où était le sceptre religieux au début du XVIe siècle ? à Rome ou à Genève ? à Rome, je pense ; Genève était donc rebelle. Or, dans tous les cas de rébellion, les excès mêmes de la puissance qui se défend sont à la charge du rebelle. L’humanité en corps a le droit de reprocher la Saint-Barthélemy au protestantisme, car pour l’éviter, il n’y avait qu’à ne pas se révolter. Toute puissance même spirituelle ne pouvant être exercée sur la terre que par des hommes, si la Souveraineté est attaquée, il est impossible que l’homme ne se montre pas [pour les esprits de 2018, il faut traduire : le sang va couler, note de AMG], et qu’elle se défende comme un être purement raisonnable et impassible. Si elle excède les bornes d’une légitime défense, son ennemi n’a pas droit de s’en plaindre. Un protestant qui reproche la Saint-Barthélemy à la souveraineté française ressemble parfaitement à un Jacobin de notre siècle qui déclamerait contre l’inhumanité des Chouans. Le protestantisme dira-t-il qu’il avait raison ? Mais quel rebelle ne sait pas dire qu’il a raison ? Si cet argument est bon, il excuse toutes les insurrections. D’ailleurs, il ne s’agit point de savoir qui avait tort ou raison, mais seulement qui était souverain ou rebelle, et sur ce point il ne peut y avoir de doute.
C’est donc un sophisme grossier que de mettre dans la balance les excès de ce que certaines gens appellent ridiculement les deux sectes, comme si le catholicisme était une secte, et comme s’il y avait quelque comparaison à faire entre le sujet qui attaque et le souverain qui se défend !"
Je ne sais plus si j’ai déjà cité ces phrases dans le temps. Ce qui suit, quelques lignes plus loin dans ce brillant essai qu’est Sur le protestantisme, je me souviens clairement l'avoir déjà répercuté, mais la répétition est l’âme de l’enseignement :
"Ce n’est point pas leur sévérité mais par leur nécessité qu’il faut juger la moralité des exécutions par lesquelles une souveraineté attaquée se défend. [Au lieu qu’aujourd’hui media et politiques ne font porter le débat que sur la sévérité…] Tout ce qui n’est pas indispensable est criminel, mais tout ce qu’on peut imaginer de plus terrible est licite s’il n’y avait pas moyen de se défendre autrement. (…) Eh ! sans doute les passions humaines sont indestructibles, et les hommes, même pour le bon droit, se battent comme des hommes ; mais il n’y a point de comparaison à faire. Si dans une guerre excitée par des rebelles, il périt cent mille hommes de part et d’autre, du côté de la souveraineté on a donné cent mille morts, et de l’autre on a commis cent mille meurtres. Des vérités aussi simples ne peuvent échapper à personne."
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