Vas-y Léon c'est bon, vas-y Léon c'est bon bon bon...
"On n'est jamais assez antiaméricain. (...) Jusqu'à quand va-t-on ignorer que les Anglo-Saxons sont capables de tout ?" (M.-E. Nabe)
J'avais failli passer à côté :
"Disneyland goes to war-torn Iraq, with a multi-million dollar entertainment complex, to be built on a 50 acre lot adjacent to the Green Zone. ("Fun park rises from ruins of Baghdad zoo", The Times, London, 24 April 2008)
The American-style amusement park will feature a skateboard park, rides, a concert theatre and a museum.
The occupation forces are of the opinion that Baghdad is "lacking in entertainment". General David Petraeus, is said to be a “big supporter” of bringing Disneyland to Baghdad.
Fox News considers the project as a "market signal that the arrow is pointing up.: ...We should not refuse to take notice when good things are happening in Iraq. Item number one, a Los Angeles entrepreneur said he plans to invest millions to create a vast entertainment and amusement complex in the center of downtown Baghdad." (Fox News, April 26, 2008)
Supported by the Pentagon, an unknown Los Angeles based holding company C3 of unnamed private equity investors, will be developing the "Baghdad Zoo and Entertainment Experience". The park will be designed by Ride and Show Engineering (RSE).
RSE founders Eduard Feuer and William Watkins pioneered Walt Disney's "Imagineering", the design and engineering division of the Walt Disney Company, before setting up RSE as a separate corporate entity."
Vous trouvez l'original ici, accompagné d'un petit topo anti-propagande que j'ai eu la flemme de lire, tant l'information me semble se suffire à elle-même.
Le mieux je crois est de laisser la parole à Léon Bloy :
"« L'Angleterre trafique de tout », disait avec une amère bonhomie l'auguste prisonnier de lord Bathurst et d'Hudson Lowe [Napoléon], « que ne se met-elle à vendre de la liberté ? » Il faut croire que cette marchandise lui manquait et qu'elle lui manque toujours [ce qui ne l'empêche pas, ou plus, d'essayer de la « vendre », AMG].
Que n'a-t-on pas dit de la liberté anglaise ? Autre lieu commun tout à fait classique. Et quelle est la nation la plus esclave de ses préjugés religieux ou politiques, de ses institutions, de son pharisaïsme diabolique, de son orgueil insurmontable et sans pitié ? Autant parler de la liberté de Carthage où on crucifiait les lions, c'est-à-dire les citoyens qui méprisaient le commmerce, ou de la liberté de Rome où les débiteurs insolvables devenaient, en vertu des lois, esclaves de leurs créanciers. (...)
Au gouvernement des intérêts dynastiques, dominante préoccupation des rois de France et surtout de louis XIV, prédécesseur moléculaire [ce n'est pas vraiment un compliment] de Napoléon, s'oppose, dans cette nation - aussi moderne par la bassesse de ses convoitises qu'elle est antique par sa dureté à l'égard des faibles - le gouvernement exclusif des intérêts mercantiles. Car telle est la honte et la tare indélébile de l'Angleterre. C'est une usurière carthaginoise, une marchande à la toilette politique, son isolement insulaire lui permettant, disait Montesquieu, « d'insulter partout » et de voler impunément. La fameuse Rivalité traditionnelle n'est pas autre chose que l'antagonisme séculaire d'un peuple noble et d'un peuple ignoble, la hainte d'une nation cupide pour une nation généreuse. (...)
Son plan d'invasion [de l'Angleterre, par Napoléon] fut bien près de réussir et l'Angleterre qui en crevait de peur, devenue prodigue magiquement, se hâta de lui jeter dans le dos les armées de l'Autriche et de la Russie.
Car la vieille gueuse, Old England, à défaut du jeune Empire qu'elle ne pouvait mettre à ses vieux pieds, était réduite à s'offrir, argent comptant, des consolateurs ou des souteneurs plus mûrs qui ne furent pas très loin de la ruiner. On ne parla plus que d'argent, l'Europe devint un marché de sang humain ou l'Acheteuse fut souvent trompée sur la qualité des globules ou la quantité de l'effusion. La décevante paix d'Amiens n'avait été qu'une halte de quinze mois, un chômage inaccoutumé de l'homicide. Les affaires interrompues reprirent leur cours et l'Angleterre fut plus esclave que jamais de son comptoir.
J'ai essayé de le montrer ailleurs, l'abjection commerciale est indicible. Elle est le degré le plus bas et, dans les temps chevaleresques, même en Angleterre, le mercantilisme déshonorait. Que penser de tout un peuple ne vivant, ne respirant, ne travaillant, ne procréant que pour cela : cependant que d'autres peuples, des millions d'être humains souffrent et meurent pour de grandes choses ? Pendant dix ans, de 1803 à 1813, les Anglais payèrent pour qu'il leur fût possible de trafiquer en sécurité dans leur île, pour qu'on égorgeât la France qui contrariait leur vilenie, la France de Napoléon qu'ils n'avaient jamais vue si grande et qui les comblait de soucis. (...)
C'est accablant de se dire que l'homme de guerre à qui nul autre ne doit être comparé a été vaincu par un Wellington ! Il est vrai qu'alors ses lieutenants lui obéissaient mal ou le trahissaient. Mais, tout de même, un Wellington, c'est par trop ignominieux ! (...) On peut être certain que même la perte de l'Empire fut moins amère à Napoléon que cette supplantation ridicule et ignominieuse. Ce qui prévalait contre lui, le grandiose et magnanime empereur latin, c'était, en la personne du médiocre [du moyen !] Wellington, toutes les boutiques et tous les coffres-forts de Londres. C'était la hideuse hypocrisie du protestantisme parcimonieux et arrogant des escompteurs de carnage et d'infamie. C'était, enfin et surtout, l'étonnante subsannation du Dieu des armées se rependant, comme au Déluge, d'avoir fait un homme si grand et, par l'effet d'une miséricorde terrible, l'humiliant, à la fin, sous les pieds de la gloire !" (L'âme de Napoléon, ch. X.)
That's Entertainment !
Libellés : Bloy, Enculisme, Minnelli, Montesquieu, Nabe, Napoléon, Thesiger
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