samedi 11 avril 2009

La chute des anges.

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(Londres, 1940 et 1943.)



Je lis dans Le testament de Céline de Paul Yonnet (Fallois, 2009, pp. 88), livre dont la lecture risque de reporter encore la publication des suites de notre "Apologie de la race française"..., ces quelques propos de Charles de Gaulle, notés par Claude Mauriac en 1946 :

"L'Angleterre ne veut à aucun prix que la France retrouve sa puissance."

"[Churchill] a perdu l'indépendance de son pays qui est devenu un dominion des Etats-Unis. (...) Dès lors les Anglais nous ont tout le temps trahis. Bien plus, ils ont trahi la Croix dans le Proche-Orient. Et ils ont ici trahi l'Occident, ils se sont trahis eux-mêmes. Je l'ai dit à Churchill. Je lui ai dit : « En définitive, c'est contre vous que vous travaillez. »"

Sur les Etats-Unis : "Ce qui risque d'être la pression américaine est effarant. Si jamais ce jeune pays est, par la force des choses, maître du monde, on n'ose imaginer jusqu'où ira son impéralisme. Ah, il faut avoir l'oeil..."

Sans commentaire !


Ou plutôt si, mais par la bande. Dans notre série "Les vingt plus belles actrices", après l'adorable Reese Witherspoon, je vais descendre un niveau supplémentaire dans l'abjection américaine et la vulgarité, en la personne de Jayne Mansfield.


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Marilyn - qui fera partie de ces vingt plus belles, à n'en pas douter - est déjà un incroyable excès, mais, ô miracle, elle a toujours gardé, même jusque dans ses épisodes les plus artificiels, une part intacte de naturel. Cette coexistence de la nature et de l'artifice - qui pourrait être une définition de l'éternel féminin : le comble à la fois, dans le même temps, du naturel et de l'artificiel - est sa marque propre, son génie particulier (et donc, si je suis la définition que je viens de proposer, la raison pour laquelle elle incarne si durablement l'éternel féminin).

Avec Jayne Mansfield, cette caricature à peine poussée parfois de Marilyn,


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cet équilibre se rompt, au profit bien sûr de l'artifice. Un fil se détache, une amarre est larguée, nous sommes dans l'américanisme pur : ça ressemble au réel, ça a les critères de reconnaissance du réel - en l'occurrence, une énorme paire de seins - et pourtant ce n'est plus que du virtuel. D'où l'idée, bien naturelle (en réalité, on le sait, un cliché du siècle de la célébrité), de prendre la belle en photo mirant sa propre notoriété, avec pour seul compagnon ce chien toujours chaudement placé entre ses cuisses,


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d'où aussi le côté pornographique de ces photographies « intimes »,


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ce que j'ai écrit sur le type de beauté de Jayne Mansfield s'appliquant d'ailleurs aussi bien à l'« érotisme » hollywoodien (et désormais « français »), avec ses femmes qui gémissent comme des folles au moindre début d'attouchement, qu'au porno américain et ses blondes frigides aux fausses poitrines.


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(Peut-être d'ailleurs tout film porno, américain, français ou tamoul, est-il d'emblée et irrémédiablement du côté du virtuel, sans rapport aucun avec quelque réel que ce soit. Je laisse les excellents spécialistes L. Maubreuil et Orlof y réfléchir...)


D'où aussi ce côté kitsch toujours aussi sidérant, cinquante ans après, qui en dit si long sur la « civilisation » américaine. Le Général le disait, qu'il fallait avoir l'oeil...


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(Les chiens, encore... Comme si la seule compagnie masculine que ces créatures d'éther pouvaient durablement admettre était purement animale. Et l'on sait le rôle des animaux de « compagnie » dans la vie des femmes américaines, on connaît le contraste entre l'état des hôpitaux publics pour pauvres et des hôpitaux privés pour chiens... Crève, « Occident » !)


Il reste, c'est la morale très (trop ?) judéo-chrétienne de l'histoire, que cette tentative virtualiste - que quant à moi je trouve touchante, j'ai de plus un souvenir ému de ses films avec F. Tashlin - a avorté : l'artifice avait été poussé trop loin, l'artifice tout seul ne suffit pas - ainsi que nos amis Américains sont en train de le découvrir. Symbole pour symbole, c'est dans cet emblème de l'American dream appelé voiture que les chairs hyperboliques mais bien réelles de Janye Mansfield subirent le choc qui les déchira et détruisit,


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en 1967, après quelques années d'errance et de déchéance, le public s'étant lassé assez vite de cette beauté trop quantitative, trop fictive. Le climat est autre, on préfère d'autres types de beauté, que ces deux photographies de Jane Fonda chez T. Sutpen (à qui j'ai aussi emprunté les photos de Londres en ouverture et celle du tombeau métallique de Jayne Mansfield) peuvent assez bien délimiter.

(Tant que j'y suis et dans le même esprit : deux photos du traître (décoré, of course) à la nation Churchill. Il est vrai qu'il ne fut pas le premier et que ce pays si fier de lui et de son armée lutte contre lui-même, avec l'« aide » de ces salauds d'Ecossais (inventeurs des Lumières, de l'économie politique, de la franc-maçonnerie et des fonds de pension, il fallait le faire... c'est l'Israël de l'Europe !), depuis des siècles maintenant. Pas étonnant que ses classes populaires soient plus violentes, plus alcooliques et plus xénophobes que la moyenne, avec tout ce qu'elles prennent dans la gueule depuis si longtemps...)

Revenons au présent. La métaphore est en place, il ne vous reste plus qu'à la filer : les Américains sont revenus au virtualisme, au pur artifice. Même cause, même effet : ce n'est plus une actrice bimbo avant l'heure qui s'écrase dans une automobile, c'est l'industrie automobile qui s'écrase, et d'autres avec elle. Et nous avec ?


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Joyeuses Pâques...


(Oui, une dernière remarque : on pourrait analyser le personnage d'Anita Ekberg dans La dolce vita (1960) comme une tentative de Fellini de réacclimater à l'Europe et à la nature une femme moderne et virtuelle, de voir ce que leur confrontation peut donner : l'assomption, ou le baptême, de la beauté moderne par le passé européen, et une érection chez Marcello... jusqu'à ce que la vie quotidienne, personnifiée, bouclons la boucle de ce texte, par un laitier, ne brise l'illusion de cette possible réconciliation.)

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