Lordon encule Rioufol.
Ce n'est pas mon titre le plus original certes, et de toutes manières le pauvre trépané Rioufol ne doit plus guère avoir de sensibilité à cet endroit, depuis le temps (un bon copain homo, du genre "une journée sans coup tiré est une journée gâchée", a débarqué un jour chez moi l'air catastrophé pour m'emprunter un slip, s'étant malencontreusement fait dessus dans la rue : je n'ai jamais osé lui demander si cet incident avait un rapport avec son activité frénétique, quasiment ininterrompue depuis vingt ans - selon le Dr Zwang, c'est le genre de collateral damage qu'il faut avoir le courage d'affronter, amis de la poésie bonsoir) - ce qu'écrit le dit Rioufol relève en tout cas de la pure, simple et incontrôlée diarrhée verbale -
mais tout de même, il est agréable de lire des propos aussi clairs :
"Les marchés de capitaux constituent ainsi la forme institutionnelle appropriée pour régler le rapport entre débiteurs et créanciers… selon les seuls intérêts des créanciers. L’appréciation de la qualité des dettes y est entièrement sous leur jugement, et la conduite des débiteurs sous leur commandement. Car la négociabilité (largement spéculative) des titres sur les marchés secondaires a pour effet, en faisant varier leur cours, donc les taux, de modifier en permanence les conditions du service de la dette — comme la Grèce est en train de s’en apercevoir au moment où, les investisseurs « déclarant » qu’il y a un « problème grec », sa prime de risque monte en flèche, alourdit son coût de financement global (à commencer par l’encours de sa dette libellé à taux variable), et aggrave le problème initialement déclaré. Ainsi donc les gouvernements doivent se conformer rigoureusement aux injonctions de la communauté des investisseurs, sauf à voir leurs titres faire l’objet d’une défiance spéculative, leur qualité de signature contestée (plus encore si une agence de notation vient donner sa bénédiction à cette contestation), leur coût de financement accru et leur monnaie attaquée… Et ceci quel que soit le bien — ou (assez souvent) le mal — fondé de ces injonctions.
Il faut bien admettre que l’envie d’utiliser des noms d’oiseaux est difficilement résistible quand il s’agit de qualifier ces comportements spéculatifs et, hors des entreprises de manipulation rampante mais concertée des marchés (comme des fonds spéculatifs peuvent parfois s’y livrer), les divagations collectives des marchés, jusqu’à l’hystérie, donnent l’effroyable spectacle d’un groupe de tarés auxquels ont été remises les clés de la vie financière des États. Mais l’analyse y perd ce qu’y gagne seulement le soulagement biliaire, car on ne peut pas reprocher à des agents économiques de poursuivre leurs intérêts, ici la perception régulière de l’intérêt et le recouvrement du principal, quand bien même ils le font de la manière la plus désordonnée pour eux (il faut alors se demander ce qui détermine ce désordre) et la plus nuisible pour les autres (leurs créanciers souverains et, derrière, les populations). C’est pourquoi il faut sans cesse en revenir aux structures qui installent ces situations et les font irrésistiblement fonctionner — structures qui, dans le cas présent rendent simultanément compte et de l’ingérence du tiers financier dans le contrat social et des conditions délirantes dans lesquelles fonctionne le plus souvent ce rapport de subordination."
Love is all !
mais tout de même, il est agréable de lire des propos aussi clairs :
"Les marchés de capitaux constituent ainsi la forme institutionnelle appropriée pour régler le rapport entre débiteurs et créanciers… selon les seuls intérêts des créanciers. L’appréciation de la qualité des dettes y est entièrement sous leur jugement, et la conduite des débiteurs sous leur commandement. Car la négociabilité (largement spéculative) des titres sur les marchés secondaires a pour effet, en faisant varier leur cours, donc les taux, de modifier en permanence les conditions du service de la dette — comme la Grèce est en train de s’en apercevoir au moment où, les investisseurs « déclarant » qu’il y a un « problème grec », sa prime de risque monte en flèche, alourdit son coût de financement global (à commencer par l’encours de sa dette libellé à taux variable), et aggrave le problème initialement déclaré. Ainsi donc les gouvernements doivent se conformer rigoureusement aux injonctions de la communauté des investisseurs, sauf à voir leurs titres faire l’objet d’une défiance spéculative, leur qualité de signature contestée (plus encore si une agence de notation vient donner sa bénédiction à cette contestation), leur coût de financement accru et leur monnaie attaquée… Et ceci quel que soit le bien — ou (assez souvent) le mal — fondé de ces injonctions.
Il faut bien admettre que l’envie d’utiliser des noms d’oiseaux est difficilement résistible quand il s’agit de qualifier ces comportements spéculatifs et, hors des entreprises de manipulation rampante mais concertée des marchés (comme des fonds spéculatifs peuvent parfois s’y livrer), les divagations collectives des marchés, jusqu’à l’hystérie, donnent l’effroyable spectacle d’un groupe de tarés auxquels ont été remises les clés de la vie financière des États. Mais l’analyse y perd ce qu’y gagne seulement le soulagement biliaire, car on ne peut pas reprocher à des agents économiques de poursuivre leurs intérêts, ici la perception régulière de l’intérêt et le recouvrement du principal, quand bien même ils le font de la manière la plus désordonnée pour eux (il faut alors se demander ce qui détermine ce désordre) et la plus nuisible pour les autres (leurs créanciers souverains et, derrière, les populations). C’est pourquoi il faut sans cesse en revenir aux structures qui installent ces situations et les font irrésistiblement fonctionner — structures qui, dans le cas présent rendent simultanément compte et de l’ingérence du tiers financier dans le contrat social et des conditions délirantes dans lesquelles fonctionne le plus souvent ce rapport de subordination."
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Libellés : Butterfly ball, Enculisme, Lordon, poésie, Rioufol, Zwang
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