mercredi 17 mars 2010

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Il y a des aménagements à faire, tout dans l'analogie que je vous suggère ne cadre pas avec la Cour actuelle, mais ce portrait d'ensemble par Bernanos des hommes de pouvoir autour de Napoléon III avant et juste après 1870 n'en est pas moins saisissant :

"Si vous regardez d'un peu près, sur des toiles aujourd'hui démodées, invendables, ces visages célèbres du Second Empire, vous reconnaîtrez la bouche au pli amer, la mâchoire longue, fine, agile, faite pour mordre et non pour tenir, vous remarquerez sûrement le regard presque indéfinissable, à la fois voluptueux et dur, aussi prompt à séduire qu'à se rendre, si peu sûr. Une race de chefs, venue au jour comme à l'improviste, faite à l'image de l'Empereur, surgie d'on ne sait où, tenant au grand monde, au monde des cercles, au demi-monde, tellement différente de la rude et et grossière lignée dépossédée par la révolution de 1848, mais plus différente encore des vieillards coriaces, indestructibles, de la Restauration, presque sans analogie dans l'histoire, et comme née d'un rêve balzacien, a brillé de 1850 à 1870, puis s'est éteinte avant d'avoir réussi à se reproduire - stérile - avec les dernières fusées de l'Exposition de 1884. Non moins âpre à la curée des places, non moins féroce dans le plaisir que certaines de ses devancières, avec quelque chose du cynisme impitoyable des hommes de la Régence, mais où les connaisseurs peuvent discerner une espèce d'insolence savoureuse à l'excès, un peu peuple, déjà vulgaire, elle était néanmoins trop impressionnable, trop nerveuse pour résister à l'assaut des anciens culotteurs de pipes, des gros garçons du Quatre-Septembre. En vain de rares survivants tenteront de se rallier au régime : on en verra, dans des préfectures importantes, soutenir au profit de la République de nouvelles candidatures officielles, mais ils garderont encore, jusque dans leur trahison, trop d'élégance, un sourire insupportables à leurs maîtres. D'ailleurs, il est vrai que leur subtil génie n'eût pu se déployer que dans une atmosphère favorable de luxe, de bals, d'intrigues mondaines corsées d'un peu de débauche ; les meilleurs d'entre eux, après un court essai, passèrent la main, s'éloignèrent discrètement du pouvoir ainsi que d'une table de whist. Sous la présidence d'opérette du maréchal Mac-Mahon, ils commenceront à former les cadres du parti conservateur, s'empareront peu à peu de l'ancien Faubourg jusqu'alors intact, introduiront dans ce qu'il est convenu d'appeler la haute société les moeurs des cercles équivoques, le goût d'un luxe boulevardier, des comptes rendus de la presse, des jeux de Bourse et des mariage juifs.


Jean+Sarkozy+Weds+Jessica+Sebaoun+OEGs2zbXaQVl


Mais (...) ils n'en sont pas moins démissionnaires de leur premier rêve, des vaincus. La convulsive agitation des uns vaut tout juste la paisible agonie de l'autre, au fond de la cité dormante. Peut-être même [Drumont] n'a-t-il pas compris [toute] la signification de cet universel trémoussement..." (La Grande Peur..., ch. II, pp. 78-79)

- J'ai tronqué un peu la fin pour pouvoir placer cet « universel trémoussement » qui me met en joie.

Évidemment, l'analogie ne peut être complète, le contexte n'est pas identique, la balance penche plus aujourd'hui du côté de la vulgarité que de l'élégance, et un Frédéric Lefebvre, pour ne citer que lui (quelle place laissera-t-il dans les manuels d'histoire ?...), ne rentre pas du tout dans ce cadre. Mais il me semble que ce portrait d'une génération « aussi prompte à séduire qu'à se rendre », « venue au jour comme à l'improviste » et ayant le « goût d'un luxe boulevardier », valait d'être cité.


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En attendant que ces gens-là « démissionnent » - « vaincus » !

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