vendredi 14 mai 2010

"Le phénomène est beau."

- Il ne s'agit pas aujourd'hui d'une théorie de l'apparition, mais d'une sorte de plus racaille que ça tu meurs. C'est Lucien qui le dit :

"Nous avons devant les yeux les résultats du métissage entre le venimeux messianisme d'Israël et l'imperturbable mercantilisme anglais. Le phénomène est beau." (Les décombres, dernière partie : "Le monde et nous".)

et je n'ai pu que repenser à cette phrase aux applications certes multiples, lorsque je suis tombé sur cette hallucinante interview.

On me dira qu'il ne faut pas y attacher trop d'importance, que des gens comme ça non seulement se discréditent eux-mêmes mais nuisent à la cause qu'ils prétendent défendre, que je ferais mieux, justement, de consacrer mon temps, si ce n'est à la métaphysique, du moins à des choses plus sérieuses qu'aux pitoyables élucubrations lècheculsionisantes de ratés notoires... mais :

- j'aurais vraiment culpabilisé de ne pas relayer au plus tôt de si limpides (et marrantes) insanités ;

- dans des cas moins dérisoires que celui-ci, il ne serait pas inutile de s'interroger sur ce qui fait que des goys fortunés et bien installés dans la société (ce qui de nos jours n'est pas un compliment) se croient obligés de s'engager explicitement pour Israël. Dire "ça paie" est un peu court, car je ne suis pas sûr que ce que l'on est supposé gagner d'un côté - le soutien (pour combien de temps ?) du Lobby - ne se perde pas de l'autre - on s'allonge et les gens le savent. C'est aussi prêter au Lobby plus qu'il n'en peut - à la fois de la part des philosionistes goys et des antisionistes. On dit trop souvent "les Juifs, les Juifs, les Juifs", mais, de Taguieff à Milner en passant par P. Cormary et, donc, pour écrire une fois son nom, C. Angot, ils sont nombreux à faire porter à ceux-ci plus sans doute qu'ils ne peuvent porter - et ils en ont porté, dans l'Histoire... -, plus peut-être que la plupart d'entre eux ne veulent porter.

J'ai moi-même écrit qu'il y avait une spécificité juive, ce qui signifie, d'une certaine manière, que ces gens-là ne sont pas comme les autres. Je ne veux pas non plus sortir le marteau-piqueur pour écraser des mouches (pardon Pierre !) et décréter que tous ces auteurs, avec ou sans guillemets, sont en fait antisémites, subtilement antisémites comme on dit. Mais quand on lit, dans cet entretien, que les Juifs sont plus humains que les autres ("Les Juifs représentent tout le monde, toute spécificité, la spécificité de l’humain. - Pourquoi les Juifs plus que les autres ? - Parce que."), on souhaiterait presque que cela fût dit par un Juif « sûr de lui et dominateur », qui prend ses responsabilités, plutôt que par une conne goy qui met de l'huile sur le feu, en laissant les autres se brûler, puisque bien sûr ce sont précisément les juifs qu'elle prétend soutenir qui à terme peuvent payer les pots cassés de tels propos. (En même temps, la racaille commence à traîner à Saint-Germain-des-Prés, les sanctuaires disparaissent...)


- Ceci posé, voici en contrepoint un texte parlant de Rebatet. Le simple bon sens oblige à dire que, malgré le mépris que j'ai pour C. Angot, en général et dans cette occurrence particulière, les propos qui m'ont aujourd'hui énervé n'ont pas la même dimension que les appels au meurtre lancés par Lucien en pleine Occupation. Cela-va-sans-dire-mais-va-mieux-en-le-disant. Voici donc ce qu'avec tout son talent et toute sa franchise ce grand écrivain lançait :

"J'observais bien, sur l'infortuné Worms, ce phénomène du Juif aux armées, qui a toujours trompé un certain nombre de braves gens. Un Juif est là, partageant les mêmes périls (les nôtres ont été minimes, mais cela ne change rien à l'affaire), les mêmes désagréments petits ou grands que cent Français, confondu sous le même uniforme qu'eux, plongeant dans l'atmosphère la plus fraternelle que puissent se créer les hommes. Il s'y plie avec ce mimétisme si prompt de sa race, il est parfois le plus troupier de tous. Mais si l'on veut oublier les millions de congénères dont il se trouve isolé, si l'on décide une exception pour ce soldat qu'on tutoie, c'est que l'on connaît mal le Juif.

Il faut croire que je suis bon expert en la matière. Worms était par bien des points l'homme le plus proche de moi dans notre bande, aimant la peinture, la musique, parlant le même langage. Mais je percevais à chaque minutes les mille liens qui rattachaient à son Israël ce Juif en somme apolitique, et pourtant irrésistiblement porté vers la bolchevisation, l'anarchie en tous ordres, truqueur, ergoteur presque malgré lui, ne pouvant toucher à une oeuvre ou à une idée qu'il n'y laissât une tache de pourriture, analyste intelligent, mais paraissant toujours fouiller quelque substance en décomposition, un Juif de l'espèce instable, morbide et saturnienne, probablement assez malheureux, mais bien trop Juif pour ne pas rejoindre en n'importe quelle occasion la classe des Juifs les plus insolemment dominateurs. Pauvre Worms ! je n'aurais jamais eu le coeur de l'humilier, de décharger sur ce solitaire ma fureur accumulée contre sa race ennemie. Il n'ignorait pas mon antisémitisme, et j'avais pris soin de le lui rappeler. Il semblait le tenir pour une opinion politique fort respectable, et qui rendrait même ma sympathie plus précieuse dans la passe difficile qu'Israël allait franchir. Nous étions, ma foi ! une paire d'amis. Mais au fond de moi-même, pas l'ombre d'une faiblesse sentimentale. Je lui ferais, je l'affirme, s'il était utile, couper la tête sans ciller." (V, 23)


Ambiance !

Libellés : , , , , , ,