dimanche 3 juin 2012

La queue entre les jambes. Point G métaphysique. - Genèses, limites et ambiguïtés de l'« AMGéisme ».

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Après avoir passé un peu trop de temps à mon goût à distribuer des bons et des mauvais points à l'élève Soral - avec lequel, sans rien retirer à ce que j'ai écrit précédemment, je me suis « réconcilié » grâce à son délectable entretien du mois de Mai, pourquoi ne pas m'appliquer le même traitement ?

La recherche de la « genèse » de mes propos fait partie intégrante de ce que je vous balance ici. Les « ambiguïtés », je m'efforce qu'il y en ait le moins possible, quitte à revenir trente fois sur le même sujet, dans l'espoir d'une formulation limpide. Je suis d'ailleurs frappé, en règle générale, à quel point, lorsqu'il me semble, à tort ou à raison, avoir trouvé la bonne formulation, à la fois la plus claire et la plus précise, à quel point ce que j'écris me semble du coup d'une banale évidence. - Est-ce une forme d'accomplissement, ou au contraire et justement une « limite » ? Ces limites, je vous en cache certaines, vous en connaissez d'autres mieux que moi-même probablement. En réalité, cette livraison vient de ce que j'ai pris conscience de ce que je peinais sur quelques points précis :

- la fin du livre de Jean Borella, La crise du symbolisme religieux. J'ai lu avec un grand intérêt ce texte, il y a là très manifestement un filon, mais j'ai buté sur les derniers chapitres. Depuis (plus de deux ans), après avoir laissé le livre de côté trop longtemps, j'y reviens périodiquement, sans atteindre le même point et essayer de nouveau de franchir cette barre qui à la première lecture était trop haute pour moi ;

- il en est à peu près de même avec L'homme sans qualités, à ceci près que j'ai l'ai lu en intégralité il y a une vingtaine d'années. De là à dire que je l'avais pleinement compris... J'ai commencé à le relire en 2008, et ai rencontré des difficultés avec la seconde partie, dite « mystique ». Après, c'est la même chose qu'avec le Borella, trop de temps d'attente, etc. J'ai ressorti le premier volume l'autre jour, on verra ce que cela peut donner.

Si je vous raconte tout ça, c'est pour ce que ça révèle, pas pour les détails concrets en eux-mêmes : c'est parce que j'ai réalisé que c'était quelque chose d'analogue qui se jouait dans mes difficultés avec ces deux livres. Ce moment où l'intelligence se retrouve à exprimer ou essayer d'exprimer quelque chose qui d'une certaine manière (laquelle ?) la dépasse. Bien concevoir et énoncer clairement, j'ai érigé au fil du temps l'identité de ces deux opérations en principe d'écriture : on n'a compris que ce l'on est capable d'expliquer clairement à quelqu'un d'autre. Mais il y a cette zone, abordée aussi bien par le philosophe Borella que par le romancier Musil - chacun d'entre eux étant d'ailleurs un peu plus que ça, précisément - qui par essence dépasse les mots, mais nous n'avons guère d'autre solution pour en parler entre nous, que les mots en question. Tout ne peut non plus se résoudre en musique.

Si j'ai peine en général avec des gens comme Guénon et Abellio, c'est à cause de cela. J'ai le sentiment qu'un J. Borella aborde cette « zone », cette « région » avec une volonté de précision et de communication plus grande. Je parle à dessein de sentiment, il n'y a pas ici jugement définitif - quoiqu'un ami m'ait dit récemment avoir été libéré de l'emprise que l'oeuvre de Guénon exerçait sur lui par la lecture de Jean Borella, et que sans être un spécialiste de l'un ni de l'autre, sans avoir (encore) lu les textes du second sur le premier, j'ai eu l'impression de comprendre (un peu, je ne pourrais justement pas l'expliquer...) ce qu'il voulait dire.

Il est par ailleurs tout à fait évident que mes préoccupations actuelles relatives à l'érotisme et à, paraphrasons Evola, la « Métaphysique du sexe », rentrent dans cette volonté d'aborder ce domaine. Il y a peu de choses plus difficiles à écrire qu'une « scène de cul » (ou à filmer, d'ailleurs), c'est un lieu commun.


Enfin, un dernier problème doit être mentionné ici, la question de la valeur, qui a fait l'objet de nombreux travaux du Maître, lequel a la bonté de me fournir des outils pour le suivre dans l'analyse de cette question. Il y a ici quelque chose que je ne sens pas, je ne parviens pas à trouver un angle d'attaque. Pour quelqu'un qui est convaincu avec Cioran que « Vivre, c'est évaluer » - ce qui est certes une formulation bien générale par rapport à une théorie de la valeur -, c'est un rien gênant.


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"Le cinéma substitue à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs", fait dire Godard à André Bazin en ouverture du Mépris, qui est entre autres un film sur le malentendu. Tout est dans l'ambiguïté, ou la polysémie, du mot accord. Là encore, tout ne peut se résoudre en musique.

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